Rodrigue Mortel, MD, un confrère modèle et remarquable.
Par Reynald Altéma, MD
« Mon but est de nourrir les jeunes esprits, leur donner une éducation complète et de produire des citoyens modèles et remarquables qui respectent leurs frères et sœurs, leur pays et au-dessus de tout qui possèdent une foi profonde en Dieu, » n’est pas une citation tirée du livre sur l’utopie mais la ferme conviction d’un confrère qui a pris sa retraite d’une longue carrière de superbe praticien, enseignant et chercheur pour exécuter la tâche difficile d’offrir une éducation de première classe aux enfants infortunés de la terre natale. Ce confrère n’est autre que Rodrigue Mortel, MD, jouissant de l’admiration fraternelle et universelle pour ses accomplissements. Une telle démonstration récemment offerte après la nouvelle, propagée comme une trainée de poudre, de l’obtention d’un diplôme honorifique d’ancien élève de l’Université de Penn State. Il rejoint ainsi un club exclusif d’une poignée d’anciens enseignants de la Faculté de Médecine de Penn State pour ce choix par le Président et les Gouverneurs de l’Université de Penn State, une élévation dans l’échelon ramenant plus près de l’empyrée académique.
Trop souvent nous louangeons un concitoyen comme un acte posthume et prêtons peu d’attention pendant la vie de l’individu. Malheureusement, c’est un trait culturel mais une habitude qui mérite une rupture. En Amérique du Nord, il est très courant d’honorer un individu qui a accumulé un héritage social durable. Ce genre d’estime publique engendre l’effet salutaire de commentaire positif, permettant une atmosphère congéniale et encourageante pour le bénéfice de l’individu et de la société. Cette évaluation est basée sur la correspondance, les conversations avec notre ami.
Rodrigue incarne l’expérience de la vie d’Horatio Alger (il fut l’un des dix récipiendaires de ce prix en 1985. Ce prix est décerné à un quidam dont la vie reflète une épopée de misère-à-succès), et non un conte de fée mais plutôt le résultat d’une mentalité qui préconise le travail et une foi de profonde religiosité, une combinaison surprenante-mais pas rare-chez quelqu’un ancré dans les sciences biologiques. Un tel paradoxe fait certainement partie du chemin délicat que nous, les êtres humains, parcourons dans nos activités quotidiennes. Si son dernier engouement humanitaire apparaît particulier, cela doit attiser notre curiosité pour trouver la personne derrière le nom.
Rodrigue est né à St Marc; en le citant, « D’une mère analphabète et restavek. » mais qui par contre a dépensé tout son avoir pour lui donner une éducation scolaire. Et il ajoute « Ma mère reste tout de même pendant toute ma vie mon modèle d’assiduité au travail, de détermination, d’honnêteté et d’intégrité. » Un aveu d’une proportion sismique. Normalement un professionnel Haïtien réussi aura honte de révéler son humble origine et encore plus n’admettra pas que sa mère fut une restavek, une tache indélébile de notre société qui a brisé la chaine de l’esclavage pour inventer une autre, existant de nos jours et subjuguant les enfants. Une telle admission publique dit beaucoup de son étoffe et fibre morale… Mais une éducation, il l’a obtenue en dépit de son début de mauvais augure.
Comme un doit crevant l’œil du porteur de la notion que la pauvreté et l’excellence scolastique sont incompatibles, sa vie offre un démenti formel. Son environ piètre fut pour lui un stimulant pour voir un demain meilleur; tôt il a choisi le chemin de l’enrichissement intellectuel, plus difficile certes, mais plus satisfaisant car sa maîtrise pourvoit à l’individu la rigueur de la discipline, la sagesse de la patience et l’allure de l’intégrité. Il a eu la chance d’avoir sa mère comme modèle malgré sa condition socio-économique. Il a brillé à l’école and il termina ses études à la Faculté de Médecine à un moment de notre histoire notoire pour l’infamie d’un dictateur vile et sanguinaire, en 1963, donc il a jugé prudent de s’héberger ailleurs. Après un bref séjour au Canada (une année), il a émigré aux Etats-Unis où il vit depuis. Il s’est spécialisé en Obstétrique et Gynécologie à L’Université Hahnemann et ensuite au fameux Sloan Kettering Cancer Center pour une autre spécialisation en Oncologie-Gynécologique, alors à son enfance. Une fois qu’il a terminé sa spécialisation, il a rejoint la Faculté L’Université de Penn State pour établir la section d’Oncologie-Gynécologique et à partir de ce moment il a brulé les étapes de la promotion académique pour obtenir le titre de Professeur titulaire en cinq ans. Il a obtenu une longue liste de prix et d’accolades pour sa dextérité hors-pair comme chirurgien, son penchant extraordinaire pour l’enseignement et son flaire pour accomplir des expériences de laboratoire aux Etats-Unis aussi bien qu’en France. Au fait c’est inouï qu’un homme qui n’a pas eu d’introduction au laboratoire pendant sa formation en Haïti soit devenu un autodidacte et chevronné par dessus le marché. Il a fait un stage de recherche sur le cancer à l’Université de Paris et ensuite a acquis le titre de Fellow de La Ligue Nationale Française Contre le Cancer aussi bien que Professeur à la La Fondation de France.
Rodrigue confie que son plus grand accomplissement académique fut la découverte d’un traitement spécial pour le cancer de l’utérus à un stage avancé en utilisant Tamoxiphen et Progestins en succession. Cette découverte fut si séminale qu’elle lui a valu la position de Chairman du Département de L’Ob-Gynécologie, un poste qu’il a occupé pendant 13 ans. Sa prochaine étape fut comme Vice-Doyen à la Faculté de Médecine de Penn State. Il a maintenu cette position jusqu’à sa retraite.
Dr. Mortel avec son épouse et sa fille.
Le sillon qu’il a tracé dans les cercles académiques fut large et profond. Comme académicien, on est censé de faire de la recherche et de publier des articles; Rodrigue s’est acquitté de cette tâche avec plus de 130 à son actif. Le standard qu’il a établi fut très exigeant. Aussi grégaire qu’il soit, il est un homme très méticuleux, inflexible sur les principes et ne tolère pas la médiocrité. Il ne demande des autres que le même degré d’érudition et de discipline qu’il a acquis. Ses conseils sur les sujets de santé ont été recherchés par les membres du Parlement Américain, comme Robert Wood Johnson Health Policy Fellow à l’Institut de Médecine de l’Académie Nationale des Sciences. Il fut aussi un membre du Conseil Consultatif de l’Institut National contre le Cancer. Un parcours impressionnant. Parmi les honneurs qu’il a reçus, la société éponyme de Penn State pourrait être considérée comme la plus haute forme de flatterie. L’institution a établi quatre sociétés médicales et parmi lesquelles figure « La Société Rodrigue Mortel. » Ce choix a été fait sur des critères très stricts. La contribution de Rodrigue au haut niveau académique de l’université fut le plus important; mais on peut s’imaginer que son comportement et son humilité ont aussi joué un rôle très important. La brillance intellectuelle et l’humilité sont considérées dans certains milieux comme une contradiction ou immiscibles peut-être, cependant cela devrait être la norme.
Si après une telle carrière si distinguée mais si stressante il avait décide de ne rien faire de plus, il serait toujours applaudit car son palmarès fut de haut niveau pour avoir été le premier dans plusieurs catégories et a obtenu dans de prix. Cependant son naturel revient au galop; avec le même zèle qu’il a démontré comme pionner dans le traitement du cancer chez les femmes, il s’est engagé dans deux nouveaux chemins: le diaconat et l’éducation aussi bien en terre natale premièrement, mais aussi son ancien domaine, Penn State. Pour son choix de diaconat, il sera le premier à dévoiler l’importance de la foi dans sa vie. Que l’on partage cette croyance ou non, il est bel et bien évident que sa conviction est son guide. Sa passion pour le support de l’éducation est sincère et il n’épargne aucun effort ni ses propres ressources financières pour cette dévotion. Loin d’être un magnat, il a trouvé un moyen de subventionner deux chaires dotées en son nom et celui de sa femme.
Que fait-il maintenant en Haïti? Il a créé une fondation caritative basée aux Etats-Unis, « The Mortel Family Charitable Foundation, » pour le but spécifique de financer le projet et en dix ans d’existence il a réalisé la création d’un réseau d’écoles principalement á St Marc mais aussi à Gonaïves basé sur un nouveau concept: « la participation mutuelle. » Les élèves ne paient pas d’écolage mais les parents sont obligés de faire une contribution en espèce, établissant ainsi un intérêt commun et le sens de responsabilité et de fierté pour la réussite du projet mais au-dessus de tout le sens d’un acquis commun, augmenté par la sécurité dans la participation dans une activité d’envergure socialement pertinente.
Un autre aspect est la notion d’entrée et d’admission. Cela se traduit en une pratique de participation seulement à partir de la maternelle. La logique d’une telle décision se repose sur l’insistance d’un environnement bien structuré et la philosophie de l’école faisant partie de la famille élargie permettant l’infusion de valeurs de très tôt. Rodrigue ne cache pas ses nobles objectifs: « Notre but est de permettre ses enfants que nos éduquons de prendre la relève et la barre du pays et d’aider à la restauration de la dignité des haïtiens pauvres et l’élimination de la corruption au sein du gouvernement. » Cependant, et ceci est très impressionnant, pas de surprise à découvrir que ces institutions doublent comme des centres d’études contre l’analphabétisme pour les adultes.
Les écoles sont sous contrôle d’organisations religieuses. Le programme d’études est rigoureux-on ne saurait s’attendre à moins, connaissant leur fondateur-et selon la tradition des écoles congréganistes d’antan, le catéchisme joue un rôle central.
Malheureusement, le phénomène d’idéologues évangéliques en Amérique du Nord donne un œil noir à l’altruisme religieux, mais lorsqu’on considère qu’Haïti a la distinction peu flatteuse de former des citoyens égoïstes, myopes aux déficiences administratives telles que le manque de planification urbaine, ou la carence de l’implantation de projets d’infrastructure mais qui par contre gardent une attention vive et alerte sur les myriades trucs de piller les fonds publiques, une personne qui s’octroie le droit de former des citoyens modèles et remarquables ne peut être autre qu’un citoyen modèle et remarquable. On peut s’imaginer que ce citoyen apprécie le reflet qu’il voit au miroir…
Le coût annuel pour l’éducation pour un bienfaiteur varie de $350 au « Bon Samaritain » à $450 au « Collège James Stines.» La fondation dépend de contributions volontaires pour ces activités philanthropiques. Les contributions peuvent se faire ou bien via Internet à : www.highhopesforhaiti.org ou à The Mortel Foundation, PO BOX 405, Hershey, PA 17033
Pour définir son héritage, « Je le veux vivant, en laissant une partie de moi-même chez chaque personne que je rencontre pendant mon passage sur terre. » Quant à son frontispice, « Je suis toujours à la recherche d’opportunités et non à la sécurité. Je voie les grands problèmes comme des opportunités déguisées. »
Mon évaluation personnelle de l’homme? Un citoyen associé à la formation d’esprits pour le bénéfice de la société est un héro parce que cela représente l’investissement le plus important dans la vie d’un individu. Un esprit est trop important pour le laisser flétrir.
Dr. Mortel devant le podium avec le logo de « Mortel Society. »