Un mois + un jour plus tard…
C’était hier 13 avril… Cela faisait exactement un mois que Karl-Henri nous a quittés contre toute attente, laissant parents et amis dans le plus grand désarroi. Karlo mort? Deux mots que j’ai toutes les peines du monde à concilier dans mon esprit, tant il me paraît absurde de ne plus jamais l’entendre ni le revoir. Et je me réveille encore la nuit en sursaut, obsédé par l’angoissante question : Est-ce vrai qu’il est parti pour de bon? La Semaine sainte, par définition un temps de tristesse et de méditation, n’aide en rien le moral et prend, au contraire, pour moi une coloration nettement plus sombre du fait de ce deuil qui m’afflige. Elle incite aussi chacun de nous, — chrétien ou non, croyant ou mécréant, agnostique ou athée, — à regarder en face cette réalité incontournable : la finitude de la vie humaine et le sort commun qui est de devenir poussière… Quel sens donné à notre parcours terrestre? Existe-t-il une vie après la mort? Et Dieu? Toutes les considérations qui concernent les fins dernières de l’homme resteront sans doute pendantes aussi longtemps qu’il y aura des cerveaux pour tenter de percer ce mystère insondable. À moins d’avoir la foi du charbonnier comme mon vieux maître Mauriac reconnu pour l’un des plus grands croyants du XXe siècle (attention : grand croyant mais sans bigoterie, et dont les démêlés avec les gens d’Église sont passés à l’histoire. J’aime les querelles de moines, avait-il lancé en manière de défi aux pères dominicains). À soixante-cinq ans, il faisait cette profession de foi :
L’absurdité du monde n’apparaît que si nous le mesurons à notre courte raison. Le mot
de l’énigme existe, il nous sera donné d’un coup, à peine le dernier soupir exhalé. […] je
crois, comme lorsque j’étais enfant, que la vie a un sens, une direction, une valeur, qu’aucune souffrance n’est perdue, que chaque larme compte, chaque goutte de sang, et que le secret du monde tient dans le Deus caritas est de saint Jean : Dieu est Amour.
Durant les mois où il subissait une cure de désintoxication en 1928-1929 dans une clinique de Saint-Cloud, Cocteau, qui toute sa vie jonglera, pour ainsi dire, avec la mort, consignait dans une sorte de Journal intime quelques-unes de ses réflexions les plus fines. Par exemple :
Tout ce qu’on fait dans la vie, même l’amour, on le fait dans le train express qui roule vers la mort.
Ce train express continue d’emporter tous les jours son chargement de troupeau humain, sans que personne sache l’heure de son arrivée à destination ni s’il y aura quelqu’un pour l’accueillir sur le quai. Que vivre paraît hasardeux et compliqué! Et pourtant, nous nous accrochons à cette vie comme à une bouée de sauvetage, dans un effort désespéré pour résister aux forces de destruction, à l’inconnu et, allez savoir! au néant… La célébration du Vendredi saint, point culminant du scandale de la Passion, symbolise pour les chrétiens de toutes confessions le passage obligé vers la Résurrection, la victoire définitive sur la mort et l’accès à la vie éternelle.
Depuis deux jours, je m’enivre du Requiem de Mozart, l’œuvre la plus limpide et la plus mûre qui ait coulé de sa plume, rapporte Kurt Pahlen dans La grande aventure de la Musique. On sait dans quelles circonstances ce morceau fut composé. En juillet 1791, Mozart reçoit la commande d’un mystérieux personnage. Il y voit un signe du destin et pense à ses propres funérailles. Épuisé par la maladie et les soucis d’argent, il mourra quelques mois plus tard, dans la nuit du 4 au 5 décembre, à trente-cinq ans, après avoir confié à son disciple Sussmayer le soin de terminer son œuvre. Je dédie ce dernier éclat du plus grand génie musical de tous les temps au très cher Karlo que la mort nous a enlevé. J’en profite pour remercier ceux qui ont tenu à partager ce deuil avec moi. Leur témoignage m’est allé droit au cœur.
Joyeuses Pâques!
www.dailymotion.com/video/xq2911_wolfgang-amadeus-mozart-requiem
Nous ne sommes peut- etre pas dans un train qui embarque chaque jour son troupeau humain. vers la mort..,Le concept de voyage ici semble preter a l’humain la conscience de son imperfectibilite, et de sa fin inexorable. Malheureusement, les viscissitudes inherentes a l’existence ne nousi permettent guere d’apprehender.cette fin derniere avec acuite et dans son entierete.La mort, de toutes choses, etant bien sur, ce qui nous preoccupe le moins..Nous sommes plutot dans uin parcours de carnaval ou nous dansons et chantons au rythme du folklore,ignorant a quelle l’heure finira le festin, pour nous retrouver soudainement, tel in gibier de potence, face au precipice du fond duquel nous attend l’ange de la mort,sa glaive a la main coupant et trenchant impitoyablement .Je ne sais pas si nous reverrons in jour tous nos chers disparus ou mieux s’ils continuent a nous observer et a nous guider de l’au-dela etant; Je ne sais meme pas si l’esprit peut se concevoir en dehors de la matiere….mais je sais que le souvenir de leur vie se perenise a travers la notre et que pour honorer leur memoire,nous devons suivre leur trace et vivre comme ils auraient aime nous voir nous comporter. Vis pour Lui et console-toi par ces paroles,
Rony