La Cité du savoir, rêve fou ou l’audace de l’effort?
Ceux d’entre nous qui ont un pincement au cœur en entendant l’expression : “ le plus pauvre de l’hémisphère occidental” ou d’autres épithètes aussi embarrassantes appliquées à notre cher pays, et qui souhaitent de porter secours, peuvent nourrir l’espoir d’un lendemain meilleur, en participant à un regroupement de professionnels de toutes disciplines, sous la bannière du GRAHN (Groupe de Réflexion et d’Action pour une Haïti Nouvelle).
Réalisant une césure nette avec nos tendances, ce regroupement de vigie citoyenne ne s’intéresse pas à la politique partisane, mais plutôt aux projets structurants, en mettant l’accent sur les institutions avant les personnalités, et en prônant la compétence et le professionnalisme comme moyens de développement. Le GRAHN veut non seulement permettre des réflexions pertinentes de haute qualité, mais aussi entreprendre des activités novatrices, pratiques pour résoudre des problèmes aigus et chroniques.
Ainsi donc, l’enseignement étant le moteur de création de cadres compétents, le GRAHN a débuté ses efforts en créant successivement l’ISTEAH, une institution universitaire offrant des programmes d’études à la maîtrise et au doctorat, dans diverses disciplines; l’Académie des Sciences; et SYNTHÈSE, un entrepôt de documents numériques portant sur des recherches académiques publiées sur Haïti. Ces réalisations ont débuté à partir de la formation du GRAHN en 2010, après le terrible tremblement de terre qui avait exposé de façon pénible les limites du secteur public à gérer la destruction des infrastructures et les problèmes découlant de ce séisme.
Le GRAHN s’efforce à créer des voies nouvelles pour le bénéfice de la société. Il permet de concevoir une autre réalité, celle où le simple citoyen aura les moyens de prendre sa destinée en mains, où un nouveau paradigme s’établira. C’est ainsi qu’a pris naissance l’idée d’une cité du savoir, conçue, bâtie d’après les standards internationaux, intégrant plusieurs centres de recherches et un faisceau d’écoles pour la formation de cadres universitaires, techniques et professionnels. Les technologies, les sciences de la santé, les sciences de la gestion, le commerce et les affaires constituent autant de disciplines qui y seront enseignées à tous les niveaux.
Toute personne désireuse de parfaire ses connaissances aura la possibilité de s’épanouir en suivant des cours, à l’exemple de l’Asie du Sud-Est ou de Hong Kong où le commerce est le moteur de développement économique et d’entreprises pourvoyeuses d’emplois. La Cité du savoir s’inspire des modèles de la Silicon Valley aux États-Unis, et du campus de l’Infosys en Inde. Ces deux modèles exploitent la matière grise pour intensifier la créativité, la prise de risque, outils indispensables pour l’entreprenariat, véritable solution contre la pauvreté, par la création d’entreprises et de son corollaire, les emplois.
La réalité fondamentale à laquelle nous devons faire face, c’est l’accès à l’enseignement à tous les niveaux, la réduction du taux d’analphabétisme dans sa sphère d’action. L’accent sur l’infrastructure se traduit en disponibilité d’un minimum de services considérés comme des acquis dans toute société :
❖ Les soins de santé. La Cité aura un Centre de santé communautaire, une collaboration entre l’AMHE et le GRAHN. Ce centre pourvoira des soins primaires et aura une gamme de cliniques d’excellence pour la santé mentale, la lutte contre l’anémie falciforme, le traitement, la prévention des maladies infectieuses telles le SIDA, la tuberculose, une prise en charge prioritaire des maladies oculaires. La recherche médicale aussi bien que la formation de cadres médicaux seront des attributs de ce centre.
❖ L’accès à l’eau potable, l’électricité, Wi-Fi à haute vitesse.
❖ Un programme d’urbanisme moderne. Le traitement par exemple des déchets, élément essentiel de la gestion efficace de la res publica, peut permettre la création de nouvelles entreprises, en maîtrisant des techniques telles que l’utilisation des déchets biologiques, sous forme de compost ou comme source d’énergie pour le méthane qu’ils dégagent. L’écologie aura la plus haute priorité.
La Cité du savoir serait cet oasis. L’expérience pourrait faire tâche d’huile et qui sait, pourrait inspirer certains à la reproduire dan d’autres localités.
Reynald Altema, MD