Le Système de Sante Haïtien, un mal mis a nu !

La mort de la docteur Michaelle Amédée Gédéon, la semaine dernière ,au cours d’un accident de la circulation vient mettre a nu, une fois de plus, le système de sante Haïtien. Ironie du sort, cette sommité de la médecine haïtienne ,ancienne ministre de la sante, deux fois présidente de la croix rouge Haïtienne et Doyenne de la Faculté de médecine de l’Université de la fondation du  Docteur Aristide, femme  au rayonnement international, était en mission médicale  dans  le sud-ouest du pays ou elle  cherchait ,dit –on , a établir un système d’Urgence médicale pour toute la région lorsqu’elle  périt  la semaine  dernière  dans  un accident de la circulation. Le chauffeur du véhicule  qui a heurté le sien de plein fouet, aurait lui aussi péri dans  l’accident. On s’était d’abord rendu aux cayes avec la  Docteur a Amédée Gédéon  ou, faute de pouvoir la prendre en charge, on  dut décider, en dernier moment, de reprendre la route jusqu’à Port au prince. C’est la  qu’elle est morte quelques  neuves heures plus tard  en rendant  le dernier souffle, a l’hôpital Bernard Mews de Port au prince.

De plus en plus, les accidents de la circulation sont devenus des faits au quotidien dans notre Pays. On ne sait même plus s’il faut blâmer  le laxisme des autorités qui ne font aucun contrôle sur les camions empruntant la voie publique ; ou s’il faut, tout au contraire, décrier un système de sante tout a fait désuet qui ne répond pas aux normes les plus élémentaires de la médecine moderne.. Cette perte tragique met le doigt dans un autre abcès national qui a longuement attendu, trop longtemps muri, avant de finir par crever.

Depuis  quelques années, le paradigme sante  semble subir une certaine évolution  dans le pays. Les véhicules  sont de plus en plus nombreux a rentrer dans le pays  et a se trouver sur la voie publique  sans être inspectes ; Les motocyclettes  pullulent les rues  des villes de province comme des champignons en terre printanière. A cela s’ajoute  l’imprudence des  conducteurs de vehicules qui en font a leur guise sans qu’ils soient l’objet d’aucune sanction. Et si des sanctions sont jamais prises, c’est souvent  de manière partielle  et partiale qu’elles sont appliquées.

Force est de mentionner  que les survivants de ces accidents, avec ou sans des pertes ou dommages physiques  importants, ne reçoivent aucune  compensation du service d’assurance  véhicule contre tiers(OAVCT) dans les rares cas ou ces vehicules étaient légalement  assurés ou  en bonne et due forme sur la voie publique au moment de l’accident..

En ce qui se rapporte au système de sante Haïtien, on sait tous que la part du budget allouée a la sante a subi  des réductions  de plus en plus importantes au fil des ans , au point que de 2004 a 2017,la portion du  budget  attribuée a la sante en Haïti est passée  de 16 % a 4% .Le vrai coup  de grâce  fut  assené  a la sante en   Automne dernier lorsque  146 parlementaires s’étaient  attribué une  somme de sept milliard de gourdes pour l’exercice fiscale 2017-2018, alors qu’aux onze millions d’Haïtiens restants ,ils ne leur consacrèrent  que six milliards de gourdes  dans le budget, soit 62 gourdes par habitant..

Beaucoup d’hôpitaux ont été construits dans le pays, mais ce ne sont que des tombeaux blanchis qui peuvent parfois faire plus de mal que de bien. Les intrants de base tels les solutés, les seringues, les aiguilles et, les raccords sont manquants, autant dire de l’oxygène  qui fait  toujours défaut dans les  bombonnes  a gaz.

Un grand quotidien de la capitale signala récemment que le nombre de lits assignés  aux soins intensifs  ne dépasse pas une dizaine pour tout le pays. Les doigts d’une main sont plus que suffisants pour compter les  centres  pourvoyeurs de soins d’urgence  et  capables d’assurer une couverture efficace  en cas de traumas ou autres types d’accidents. Le long de nos routes nationales, a défaut d’hôpitaux, des secouristes et réanimateurs bien entrainés  pourraient faire toute une différence. Malheureusement  on est souvent trop frappé  par la myopie du pouvoir  pour comprendre  que lorsqu’on y est, ce n’est pas pour se servir  avec des frais et des allocations de toutes sortes ou pour se servir  des autres mais pour servir tout simplement.

Certains de mes collègues  m’ont dit péremptoirement qu’ils prennent  toujours une assurance pour une  évacuation en catastrophe chaque fois  qu’ils rentrent au pays.. A cela je  leur répondis  que tout dépendra de la ou l’accident leur arrive.

D’autres pensent qu’ils pourront abandonner les autres dans la barque et  détacher un air- ambulance depuis Miami ou Santo Domingo pour se faire chercher en urgence. La encore, il y a le mauvais temps, la mer, les mauvaises  voies de pénétration qui peuvent être au tant d’impedimenta a leur tentative d’évacuation rapide vers l’extérieur. J’espère même  qu’un jour il y’aura des lois pour empêcher aux dirigeants, aux élus, aux directeurs généraux d’aller se faire soigner ailleurs pour des cas qui pourraient être traités  localement. Les intérêts nationaux devant toujours avoir  priorité sur les  intérêts mesquins et partisans.

La mort de Michaelle Amédée Gédéon est une grande perte pour le pays. Mais en plus d’être une perte, sa mort est aussi un gaspillage humain dans un pays  qui a déjà expatrie bon nombre de  ses fils et filles compétents  dont il  a tant besoin pour se relever. Tout comme l’hémorragie  qui a emporté   la Docteur  Michaelle dans sa tombe ’hémorragie du pays est interne .Elle finira par avoir gain de nous si nous ne l’arrêtons pas.  On doit cesser d’être comme des  vers  qui rongent le fruit de l’intérieur ou des serpents mangeant leur  queue. Nous devons être plus respectueux de nos  lois et meilleurs protecteurs de nos fils et filles  en créant a tous  des soins égaux des opportunités égales..

Rony Jean-Mary, M.D.
Coral Springs,FL.
le 2 Septembre 2018

 

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