Tirer mon patient du cercle infernal de la dépression.
Le patient que j’ai rencontré cette semaine est un homme de la soixantaine qui souffre de dépression sévère et qui n’arrive pas à se relever de sa situation infernale entamée voila déjà quelque temps. Cet homme présente toutes les caractéristiques d’une dépression sévère telle que reconnue dans le Manuel de diagnostique et de Statistique de la littérature psychiatrique Américaine aussi dénommé (DSM-V). D’abord Il a très peu ou pas d’appétit ; il dort a longueur de journée. Il a beaucoup de chose dans son passé qu’il regrette amèrement, et dont il aimerait se dissocier.il est toujours d’humeur triste, s’isolant a la maison et restant imperméable aux tentatives de ses amis qui lui demandent de les rejoindre et de participer aux activités qu’ils organisent. Mais Il se plaint que les amis n’appellent plus et aient fini par se passer de lui.il a des pensées négatives qui lui remplissent la tète et lui donnent le sentiment d’avoir gâché sa vie et de n’avoir rien fait de positive dans l’existence. Alors qu’il parlait, j’écoutais avec une attention soutenue, notant à l’aide d’un stylo les points saillants sur lesquels je comptais revenir. Je lui donnais tout le loisir dont il avait besoin pour s’exprimer. Naturellement j’intervenais de temps à autre, en mode facilitateur, pour clarifier certains points qui me paraissaient obscurs. Dépendant du temps dont on dispose, on peut toujours laisser le patient se décharger pendant un temps plus ou moins long avant de reprendre les choses en main et de rediriger la conversation. Une fois sa plainte bien débitée, j’ai repris ses propos à reculons, tentant de comprendre ce qui aurait pu être fait autrement. J’ai compris qu’a l’âge de soixante cinq ans et plus, les personne qui n’ont pas beaucoup réalisé pour leurs vieux jours , ont toujours ce sentiment d’avoir gâché leur vie .C’est un stade du développement de l’ humain que ERIKSON appelle : Integrity versus Despair…. c’est-à-dire un stade ou l’individu est ou bien satisfait ou déçu de la manière dont il a géré sa vie, au moment tout juste ou il commence a faire face aux problèmes de la fin dernière.
D’abord il se plaint des amis qui n’appellent plus. Je lui ai dit que l’amitié est comme une plante.il faut savoir la nourrir et la cultiver. Elle peut mourir quand on n’en prend pas soin. Je poursuivais en lui faisant comprendre qu’il y a toujours une sorte de bénéfice mutuel et de symbiose dans tout rapport humain ;et que si l’amitié n’est pas nourrie de part et d’autre, elle finit par disparaitre .Je l’encourageais à renouer contact avec ses amis, même quand il n’appelle pas aussi souvent qu’il le faisait autrefois.
Il avoua ensuite avoir de plus en plus de pensées négatives à occuper son esprit.il pense même parfois au suicide.je lui ai alors expliqué comment, vivre dans l’isolement, détaché des autres, peut être une source d’introspection et d’idées négatives qui ne retournent pas toujours une bonne impression de soi. En effet, en s’isolant des autres, ou en réduisant ses contacts avec le monde extérieur, on a de plus en plus de temps pour se concentrer sur soi-même, pour réfléchir sur sa vie, ses erreurs et son passé. On se lit au conditionnel, ‘’ en ce qui aurait pu être ou aurait pu se passer ‘’au lieu de s’accepter pour ce qu’on est. On vit dans le regret du temps passé et des opportunités ratées, on tombe dans le remords pour finir par sombrer dans une dépression que l’isolement alimente au fil des jours.
Il en convenait bien avec moi que l’on ne peut changer ce qui est déjà fait ; et qu’il était toujours plus avantageux de se servir des leçons du passé pour mieux orienter son avenir. IL n’a aucun problème d’orientation sexuelle. Il est vrai que mon patient est homosexuel, mais de type ego syntonique, c’est-à-dire s’acceptant pour ce qu’il est, au lieu d’être ego dystonique ou tout simplement incapable de s’accepter comme tel. Il me demanda la feuille de papier sur laquelle je développais la théorie de la dépression a partir de l’isolement de soi, lorsque les pensées négatives envahissent l’esprit et poussent au remords par rapport au passé et entrainent la dépression.
Il me demanda enfin si j’estimais nécessaire qu’il continue avec les médicaments puis qu’il va faire un effort pour rester plus actif et moins détaché de ses amis. Je lui répondis que les médicaments doivent aller de paire avec la psychothérapie et que l’expérience a prouvé que le résultat est de beaucoup supérieur quand les deux modalités thérapeutiques sont appliquées en même temps.je lui passais sa recette de pilules anti- dépressives et de somnifères tout en lui donnant rendez-vous a la plus prochaine session.
RONY JEANMARY, M.D.
CORAL SPRINGS, FLORIDA,
LE 28 OCTOBRE 2018