COMPRENDRE ET VIVRE AVEC UN ETRE ATTEINT DE DEMENTIA.

Il est difficile d’adresser  la problématique de la démentia d’un revers de main, tellement le sujet  épouse des facettes différentes et présente des spécificités qui correspondent à chacun des individus qui en sont atteints.

D’ailleurs, la démentia est une vraie maladie d’étapes ou de progression qui suit un processus normal de vieillissement  des cellules du corps y compris celles du cerveau .mais Cela est  seulement vrai  pour un type bien défini de démentia, puisque la condition peut arriver a un âge intermédiaire  de la vie, aux environs de la cinquantaine ou avant ,sans suivre le processus normal de vieillissement des cellules. La définition la plus appropriée de cette condition pathologique serait une perte totale des capacités mentales d’un individu donné   et son inhabilité à coordonner les fonctions  du corps par rapport au cerveau.

Beaucoup utilisent  les termes Alzheimer et démentia de manière indiscriminée comme s’il s’agissait de deux mots identiques ou synonymes ; force est de rappeler que si l’Alzheimer est une forme de dementia, toutes les dementia ne sont pas nécessairement de l’Alzheimer. D’ailleurs, il faut bien mentionner que le diagnostique de dementia due a l’Alzheimer se fait de manière Post-mortem, et que seule  une autopsie du corps suivie d’une évaluation du cerveau  permet de dire si quelqu’un souffrait de l’Alzheimer ou non de son vivant. Dans la panoplie des maladies mentales se présentant avec des troubles cognitifs, l’Alzheimer est la forme de dementia la plus fréquemment connue ;viennent ensuite les autres  types de dementia dont celle due aux accidents cerebro- vasculaires, la dementia de  Lewis body qui affecte une population bien plus jeune, et la dementia de type front temporale qui peut présenter tous les symptômes de dementia sauf la perte de mémoire..

D’autres conditions médicales telles que le parkinson disease, l’Huntington disease, la syphilis, le HIV,  le Creutzfeldt Jacobs disease, et d’autres prions, le TBI(traumatic brain injury), la Wernicke –Korsakoff dementia due a l’alcoolisme sont bien plus rares…

Dans chacun de ces cas, Il existe des particularités propres a la condition, qui permettent de la distinguer des autres ainsi que des tests appropries aidant à orienter dans la formulation d’un diagnostique.

La démentia a plusieurs symptômes ou manifestations dont certains peuvent  se développer de manière plus ou moins subtile par rapport a d’autres. Certains croient que le processus de dementia  commence très tôt dans la vie et que les cellules du cerveau répondent  au même processus physiologique qui veut qu’en fin de compte, ce sont les phénomènes de dégradation qui l’emportent sur les phénomènes de synthèse et d’équilibre.

Sans respecter un ordre clairement défini, les symptômes de la dementia peuvent se présenter a peu près de la façon suivante. :

D’abord vient la perte de mémoire. L’individu commence a oublier les noms des personnes qui lui sont proches..il oublie comment utiliser certains mots, et il a du mal a se rappeler un objet au cours d’une conversation.

Ensuite il a des problèmes de communication.il embrasse différents sujets a la fois.et parfois il confabule pour cacher les réponses et les mots qu’il a oubliés.

Il y a aussi un trouble du jugement et une difficulté de raisonnement dus  a l’absence de mots qu’il n’arrive pas a trouver et qui lui font défaut.

Il a des difficultés a exécuter des fonctions complexes qui demandent par exemple plusieurs étapes d’action coordonnées   telles que :prenez ce morceau de papier(1), pliez le en deux(2), et mettez- le dans  la poche arrière.(3)

Il a non seulement une perte de mémoire pour les noms et les  êtres familiers, mais la personne commence à oublier ou il a déposé ses objets, ses clés et son porte- feuille, par exemple  et accuse les autres de les avoir déplacés sinon de les avoir subtilisés. Il commence par avoir des difficultés à retrouver son adresse et sa maison  lorsqu’il se déplace en dehors de la maison.

Au milieu de tout ce tableau commencent  à s’installer la confusion et  la désorientation. La personne ne sait plus ou elle est, ni qui elle est..

Face a cette situation chaotique, il y a une sorte de dépression qui s’installe chez la personne, liée à une véritable  angoisse et a de la paranoïa, puisque la personne ne sait plus à qui se fier et peut devenir extrêmement  agitée.

En fin, très tard  dans la dementia commence à apparaitre  une hallucination d’ordre visuel qui s’étend à  d’autres formes de troubles de perception..
COMMENT CLASSIFIER LES ETAPES DE LA DEMENTIA ?

Il est difficile de faire  une classification du phénomène de la dementia tellement il existe d’enchevêtrements entre les symptômes et les stages de la nomenclature en soi. Certaines littératures mentionnent sept stages dans le développement du processus de déclin du cerveau. D’autres par contre mentionnent 5 cinq étapes de développement et de progression de la maladie..

D’abord, c’est l’étape normale ou le cerveau apprend et oublie en même temps.                                                                                                                                         Ensuite vient la 2e étape ou la personne commence à oublier certains noms.                      Dans la 3e étape l’oubli s’accentue, la personne commence a s’isoler par peur d’être ridiculise. Les trois premières  étapes  représentent  la phase présénile.Les quatre autres phases sont successivement : La dementia de phase limitée, La dementia modérée, la dementia modérément sévère et, enfin la phase sévère de la dementia. A ce stade final de la dementia, le corps et le cerveau fonctionnent comme des entités détachées l’une de l’autre. Toutes les fonctions normales que la personne savait  si bien remplir dans le passé, sont maintenant oubliées. La personne va devenir incontinente, ne mange et ne parle plus, ;elle développe des troubles du sommeil et doit être sous surveillance  constante 24 heures par jour.

Comme on l’a vu tantôt a chacune de ces phases correspondent des symptômes bien déterminés. on estime que la durée de vie  de la personne souffrant d’Alzheimer, une fois le diagnostique établi, est de quatre a huit ans dépendant de plusieurs facteurs et surtout du degré de support que la personne reçoit a  la maison. Certaines personnes arrivent  à vivre près de vingt ans avec la maladie.

Les symptômes et les stages énumérés plus haut  ne sont que des cas classiques à coté  de toute une pléiade de comportements, de phénotypes  inappropriés que le patient  va exhiber tout le long de la maladie. Un homme de la quatre- vingtaine que j’ai rencontré récemment,  s’est tout simplement mis à  arracher les fils électriques qui circuitent  les murs de la maison par peur qu’il soit sous  surveillance dans sa propre demeure.

Beaucoup recourent à la violence pour liquider un différend familial. Et quand ils sont admis a l’hôpital, ils y restent très longtemps ; leur seul compagnon ayant peur de les garder a la maison a cause des dégâts énormes susceptibles d’être causés par  ces individus.

Démentia est un phénomène très complexe à  répercussions énormes sur les membres de la famille. Au tout début, quand la personne éprouve des difficultés à reconnaitre des objets familiers, un bracelet métallique sur lequel sont inscrits le nom de la personne, son numéro de téléphone à la maison, rendra grandement service au patient et aux parents qui mettront moins de temps a retrouver le patient si jamais il viendrait a se fourvoyer. Rien n’est plus triste a parent,  a un fils ou a une fille, que de s’approcher d’un parent et de rester le plus longtemps possible au près de ce dernier sans être reconnu par lui. A cause de l’oubli total des gens et des choses  de son entourage, il vit dans un état d’anxiété permanent. Tout représente une sorte de challenge pour la personne qui réagit assez souvent de la manière la plus étrange qui soit. L’agitation dont fait montre la personne atteinte de dementia est souvent le résultat  de l’anxiété intense  à laquelle  la personne est en proie. Il est important d’avoir au près de la personne, un membre de la famille que la personne reconnait encore, car cela le rassure et lui permet de mieux se comporter en public comme en privé.    

Rony Jean-Mary,M.D.
Coral springs ,FL.
Le 26 novembre 2018

 

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