DANS L’UNIVERS DU PATIENT SOUFFRANT DU SYNDROME D’OBSCESSION ET DE COMPULSION

Une femme de la cinquantaine m’a amené l’autre jour son fils de 21 ans qui a commencé  à exhiber, voila de cela deux mois, des comportements répétitifs  à n’en plus finir. Il est convaincu qu’il ya des tâches  et de la saleté sur sa peau, particulièrement au niveau des coudes et aux bras qui  méritent d’être enlevées ou nettoyées. Pour ce faire, il met des heures à se laver les bras au point que des irritations et de la rougeur commencent à apparaitre au niveau de ses membres supérieurs. La mère raconte qu’elle utilise la buanderie plusieurs fois par jour pour laver les serviettes et d’autres habits qu’il porte, par peur de se contaminer avec une serviette ou des habits qu’il a déjà utilisés. En entrant au cabinet de consultation, le jeune homme me demande s’il peut utiliser le « sanitizer » qui est sur la table pour se laver les mains. La mère est aux abois car son fils  est de plus anxieux et nerveux, refusant même de quitter la maison et d’aller interagir et socialiser avec d’autres jeunes de son environnement .Ces gens-la  qu’il fuit aujourd’hui étaient pourtant des amis proches avec qui il entretenait jadis de très bons rapports. Il explique qu’il a peur d’éprouver, en pleine conversation avec l’un quelconque d’entre eux, une de ces épisodes d’actes compulsifs et de ne pas pouvoir se contrôler. La mère a une fille de 24 ans qui soufre du syndrome d’obsession et de compulsion  et qui se porte mieux grâce à  des médicaments qu’elle prend régulièrement pour sa condition. Elle veut savoir si la sœur ainée aurait transmis au plus jeune frère  les symptômes de sa maladie à elle ou s’il aurait de lui-même choisi d’imiter certains faits et gestes de sa sœur. Quelques semaines plus tôt, la mère d’une jeune femme de la trentaine se plaignait du fait que sa fille prenait de longues douches  à  n’en plus finir plusieurs fois par jour, et voulait savoir s’il y avait quelque chose  qu’elle pouvait faire pour remédier à cet état de fait.   Dans ce cas – ci, comme dans le cas précédent, il s’agit d’une condition psychiatrique bien définie qui se nomme la maladie d’obsession et de compulsion.

C’EST QUOI LA MALADIE D’OBSESSION ET DE COMPULSION ?

D’après le Manuel de Diagnostique et de statistique des maladies mentales connu sous l’appellation de  DSM 5,la maladie d’obsession et de compulsion est une condition ou quelqu’un sent le besoin de vérifier certains faits plusieurs fois de suite et de répéter certains actes et gestes qui sont généralement vus comme étant des rituels. C’est une maladie chronique, très fréquente et de longue durée. Chez les gens âgés de 18 ans et plus, la prévalence annuelle est de 1.2% chez les hommes, et de 1.8% chez les femmes, avec une prévalence  à tout moment dans la population qui se situe au tour de  2.5% La maladie se déclare en général avant 35 ans. Elle se compose de  deux éléments majeurs: C’est d’abord l’obsession qui est souvent suivie de l’action ou rituel. L’obsession prend souvent la forme de  pensées indésirables, nuisibles et non désirées qui hantent constamment l’esprit du sujet, et qui lui reviennent à  chaque fois, malgré soi-même. Puis il y a le besoin  urgent de répéter certains actes plusieurs fois de suite et de verifier s’ils ont été vraiment posés ou non. Le sujet ira verifier  plusieurs fois de suite si la porte a été fermée ou non avant d’aller se coucher. Mais Il faut dire que si dans la plupart des cas, les deux composantes de la maladie cohabitent souvent le même individu, il est aussi possible d’avoir quelqu’un qui souffre de l’une ou de l’autre facette de la maladie sans en avoir l’autre.A part la répétition des actes, il y a  aussi un certain rituel qui se dessine à  outrance et qui peut consister soit à reproduire le même ’acte un nombre exact de fois, sept  fois, dix-neuf fois par exemple, soit d’ajouter un mot ou de produire un signe ou un geste qui donne corps au rituel. Une fois le rituel accompli, la personne peut alors se sentir  partiellement soulagée des idées qui l’opprimaient.

Quelles sont les causes de L’OCD ? Il faut dire que la ou les vraies causes de L’OCD ne sont pas bien connues.

L’émergence de la maladie à un âge très jeune semble  être indubitablement d’origine familiale donc à  caractère génétique. Certains postulent que Le stress et l’anxiété auraient joué un rôle prépondérant dans le développement de l’OCD. D’autres attribuent à  certaines infections, virales en particulier, la responsabilité ou la cause   de la maladie.        Il existe aussi des comorbidites en rapport avec l’OCD, c’est-à-dire d’autres pathologies qui sont  associées à la condition. Ce sont l’autisme, le syndrome d’inattention et d’hyperactivité, ou ADHD. Elle est aussi associée  à toutes les autres formes de maladies anxieuses ou nerveuses. On a trouvé  que dans 35 % des cas d’IBS ou syndrome d’irritabilité intestinale, aussi bien que dans une autre condition  appelée  fibromyalgie, il y avait la présence de l’OCD. Et comme  dans chacun de ces cas il y avait aussi un problème de neurotransmission via les récepteurs glutaminergiques, cela a aussi fait penser à une théorie glutaminergique de la maladie. Des tests sont encours pour déterminer quels médicaments sont les plus susceptibles  de  moduler l’activité de la substance glutamate /glutamine au niveau du cerveau en vue d’un meilleur contrôle de la maladie.

TRAITEMENT DE LA MALADIE. :

Il existe deux types de traitement de l’OCD. C’est la pharmacothérapie qui est accouplée à la  psychothérapie. Les  « sérotonines reuptake inhibitors, SSRI »  (OU inhibiteurs de reprise de la sérotonine ?) entre autres PROZAC, PAXIL,FLUVOXAMINE etc. ..Sont depuis peu devenus la principale modalité thérapeutique. La psychothérapie cognitive ou behavioral thérapie qui est une forme de thérapie servant à  modifier la pensée et à  rendre quelqu’un conscient du comportement qu’il exhibe, peut aussi aider à améliorer la condition. Mais qu’on se rappelle que c’est une maladie chronique, débilitante et accablante dont le traitement s’inscrit définitivement dans la durée et requiert  à  la fois patience et persistance

Rony Jean-Mary, M.D.
Coral Springs, Florida,
le 11Mars 2019

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