ENFANTS ADOPTES ET COUPES DE LEURS RACINES PARENTALES, SONT-ILS HEUREUX LA OU ILS SONT ? OU SOUHAITENT-ILS RENOUER UN JOUR AVEC LEURS PARENTS BIOLOGIQUES ?
Le phénomène social qui a retenu notre attention cette semaine est celui de l’adoption. C’’est une pratique juridico-sociale très ancienne qui remonte à la nuit des temps, mais qui semble être de plus en plus répandue dans la culture occidentale ces jours-ci. Le premier cas connu d’adoption est plutôt biblique .Il raconte l’histoire du petit Moise déposé dans une corbeille sur la rivière, et recueilli par les filles du Roi qui s’y baignèrent, pour être ensuite adopté dans la famille royale. Il avait pu être ainsi épargné des purges que le royaume d’Egypte préparait à ‘l’encontre des enfants males d’ascendance juive qui vivaient à l’époque dans le royaume. Les raisons qui portent à recourir à l’adoption sont multiples. Il y a toujours d’un cote un couple qui cherche à adopter un ou plusieurs enfants faute d’être capable de reproduire eux-mêmes, ou qui souhaitent tout simplement aider un enfant défavorisé en acceptant d’élargir l’indice numérique de la composition familiale. De l’autre cote, il y a ou bien une mère trop jeune pour qui l’enfant devient un encombrement et qui cherche par tous les moyens à s’en débarrasser, ou bien un couple aux moyens précaires qui confient l’enfant à une institution spécialisée pour son adoption dans une famille à même de pourvoir aux besoins de l’enfant. Parfois aussi , l’enfant peut être prélevé de force à la naissance , et placé dans une agence d’adoption s’il s’est avéré que les parents de l’enfant ont des troubles psychiques ou font usage de la drogue, et que les risques d’abus et de négligence vis-à-vis de l’enfant restent énormes si l’enfant devrait retourner vivre a la maison avec l’un ou les deux parents. L’ADOPTION peut être fermée ou ouverte. Quand elle est fermée, les deux parents n’ont aucun contact entre eux et une fois l’enfant transféré, il ne lui sera presque plus possible de rester en contact avec ses parents biologiques .Par contre, quand l’adoption est ouverte, il y a toujours moyens pour l’enfant, passé un certain âge, de garder des attaches avec la famille originelle. Il existe cependant des instruments légaux qui régissent les normes et principes en vertu desquels une adoption peut avoir lieu. Ces lois tiennent compte de beaucoup de facteurs dont l’âge de l’enfant à adopter. En général, 14 ans sont considérés comme un âge charnier au delà duquel une adoption peut être de plus en plus difficile à faire passer. Si l’enfant va être adopté dans une famille étrangère, les règles sanitaires telles que vaccination et visites dentaires devront être appliquées à la lettre.
LES CAS DE CETTE SEMAINE.
Les cas que j’ai rencontrés cette semaine est d’abord celui d’une femme Indienne de trente neuf ans, à épiderme foncé, et qui avait été adoptée par un couple blanc a l’âge de 16 mois. Elle n’a aucune idée de ce a quoi ressembleraient ses parents. Elle avait été tout simplement confiée à une hôtesse de l’air de la PANAM Airways qui a pris soin d’elle tout le long du voyage jusqu’à ce qu’elle arriva à JFK et fut remise à ses nouveaux parents. Je lui ai pose deux questions franches et directes auxquelles elle a répondu avec beaucoup de franchise. Elle m’a dit qu’être noire dans une famille blanche lui a dessillé les yeux sur le problème du racisme tel qu’il existe dans ce pays. Elle a pu apprécier la différence dans le traitement qu’elle reçoit dans certains magasins ou autres cercles sociaux quand elle y entre toute seule ou quand elle y entre en compagnie de sa mère blanche. Dans le dernier cas de figure, elle est toujours mieux traitée parce qu’accompagnée d’une personne blanche, en l’occurrence sa maman adoptive. Que les blancs sont traités différemment que les autres quand ils rentrent quelque part n’est un secret pour personne.. Cela me fit monter à l’esprit une notion longtemps apprise à savoir qu’être blanc équivaut toujours à une notion de jouissance et de privilège sans fin. ..(A timeless and limitless notion of priviledge).Parlant ensuite de son état d’enfant adoptée, elle m’a dit qu’elle se sent toujours comme un arbre déraciné parce que privée de ses origines. Elle rêve constamment de retourner un jour à ses racines et y rechercher ses frères et sœurs qu’elle n’a jamais connus. Elle sent qu’elle n’a aucun héritage à passer à ses enfants. Tout en demeurant loyale à sa famille d’accueil, elle sent que quelque part, il y a un fil qui s’est cassé, un vide qui ne se comblera jamais. Elle se demande souvent qu’est ce qui ce qui a pu porter ses parents à l’abandonner à un couple étranger au lieu de la prendre eux-mêmes en charge ?. Elle y voit dans le geste à la fois un acte sublime de générosité, mais également d’abandon et de trahison. .Elle se console aisément à l’idée que ses parents ont du vouloir lui procurer un sort meilleur en la confiant à un étranger.
L’ACTE ET SES CONSEQUENCES :
Il faut reconnaitre que l’acte d’adoption n’est jamais simple de complications. L’une des grandes pierres d’achoppement auxquelles l’adopté souvent fait face est l’absence d’une histoire familiale complète dans son dossier medical. Il ne sait pas quelles conditions il peut hériter de ses parents ni comment s’en épargner ..Aussi, les parents qui adoptent bien souvent oublient qu’en posant cet acte, ils embrassent aussi, à travers l’enfant qu’ils reçoivent, beaucoup des traits psychologiques et génétiques du parent biologique de leur enfant. La jeune femme précitée a pu bien finir ses études et est professeure au lycée de sa ville ; mais elle continue d’avoir des épisodes de psychose à répétition qui la reconduisent à l’hôpital de temps à autres. Elle n’a pas pu voler de ses propres ailes et continue de vivre sous la dépendance de ses parents.
Un autre adulte que j’ai évalué le même jour est aussi un SDF ou Sans Domicile Fixe ou homeless comme on dit dans le langage contemporain. Il n’a jamais pu s’entendre avec ses parents et ses autres frères et sœurs .
La famille a du demander à la cour d’émettre une injonction à son encontre pour qu’il reste le plus loin possible du toit familial.
Toutes les situations ne sont pas nécessairement pareilles. Il existe aussi des cas éclatants de succès ou il ya un brevet de satisfaction à délivrer à tout un chacun. Même dans ces cas ou les parents sont heureux d’avoir un enfant qui s’en est bien tiré, l’enfant lui-même, il aura toujours les yeux rives sur la famille qu’il n’a pas connue et y reviendra à coups sûrs, de temps à autres, cherchant à s’abreuver dans son passé. La jeune femme pense que la loi aurait du laisser aux enfants adoptés , eternels laissés pour compte dans le dossier, une clause qui habiliterait tous ceux qui le veulent, à retracer leurs origines et à rouvrir le dossier si un jour ils le désirent. N’est-il pas dit que le criminel revient toujours, plusieurs fois de suite, sur les lieux de son crime ?Ainsi en semble –il être de l’enfant adopté.
Rony Jean-Mary, M.D.
Coral Springs, Fl.
Le 17 juin 2019.