POURQUOI LES PATIENTS N’ADHERENT –ILS PAS TOUJOURS AU TRAITEMENT
QUE PROPOSE LE MEDECIN. ?
L’une des responsabilités premières d’un patient vis-à-vis du médecin soignant est celle de l’adhérence au traitement que celui-ci propose au patient. Dans un précédent article publié ici au Newsletter de l’Association, il y a peut être un peu plus d’un an, nous avons fait ressortir certaines des raisons ou mieux les entraves qui sont susceptibles de nuire au bon rapport devant exister entre le patient et le médecin. Nous avons dit que le manque d’adhérence au traitement pouvait être expliqué de plusieurs manières. Au nombre des causes énumérées, nous avons mentionné l’incapacité physique ou mentale de la personne à digérer et à appliquer l’explication telle qu’énoncée dans le prospectus ou détaillée par le médecin traitant ou le pharmacien.Par exemple quelqu’un souffrant d’un trouble de la vue peut avoir du mal à s’administrer la dose correcte d’insuline recommandée par le médecin. Cela est aussi vrai pour le malade mental qui peut ne pas être à même de suivre la posologie qui est de mise…. S’ajoutent aussi aux cas ci-dessus l’expérience personnelle du patient et l’histoire vécue de ses pairs qui peuvent être comme de vraies pierres d’achoppements à l’adhérence au traitement. l’histoire des soldats noirs Américains infectés de syphilis et qui n’avaient jamais reçu de traitement approprié pour leur condition pendant toutes ces années-là qu’ils fréquentèrent la clinique des vétérans, et connue comme étant the Tuskegee Expérience , a eu un impact bien plus sérieux sur l’intégration du noir Américain dans le système de sante aux Etats unis qu’ on ne le croirait. Ce cas flagrant de disparité dans l’application des traitements médicaux a certainement évolué ; mais il continue d’exister encore aujourd’hui sous d’autres formes. Il s’en est établi aussi une sorte de méfiance par rapport à la médecine occidentale qui est loin d’être complètement dissipée de la psyché collective des noirs de ce pays. Dans les cas de maladies mentales, le patient refuse souvent de s’exposer en cobaye à un médicament dont <La sureté > n’est pas toujours prouvée quoique certifié par la DEA. Il pense que de tels médicaments feront plus de mal que de bien à son cerveau et il cherche malgré tout à garder un certain contrôle sur sa vie, à maintenir son autonomie. A ajouter à tout cela qu’il prend souvent du temps avant que le malade mental finisse par prendre conscience de son état. Il retournera au service de psychiatrie des fois et des fois de suite, et encore vous dira-t-il qu’il se porte bien et qu’il n’y a rien d’anormal avec lui.
De manière plus générale, Il faut admettre que les maladies dont le traitement réclame un changement approfondi dans le style de vie, peuvent être difficiles à gérer. Si nous prenons en exemple le diabète type II qui arrive souvent après que les habitudes alimentaires se soient déjà établies, et qui demande un changement de diète alimentaire et une réduction en consommation du taux de calories journalier, on comprend que ce ‘est pas une mince feuille de route a exécuter. La culture, les croyances et la tradition méritent ici d’être mises à l’index. Beaucoup de ceux dans l’entourage desquels nous avons évolué, avaient souvent parlé de guérison divine ou de guérison surnaturelle. Dans le premier cas, la personne peut croire ou peut ne pas croire qu’elle est atteinte d’une maladie surnaturelle mais la personne va se consacrer exclusivement à la prière pour la guérison de ses maux physiques. Dans le deuxième cas, la personne se croit frappée d’une maladie qui n’est pas de Dieu ou normale (maladi bondie vs maladi leszom ).Alors, pour lui, la seule voie de sortie c’est le traitement du hougan.Au lieu de suivre les recommandations du médecin, la personne va directement chez le hougan pensant que quelqu’un en veut à sa vie ou cherche à lui faire du mal. Souvent, dans les deux cas, on attend tellement long que la condition finit par s’améliorer d’elle-même ou par s’empirer. C’est souvent après avoir tout épuisé financièrement qu’on vient frapper aux portes du médecin.
Enfin il faut reconnaitre que la médecine naturelle a pris un très grand essor au cours des 20 a 30 dernières années et que l’accès à un grand nombre de produits dits naturels quoique non certifies par la DEA, a porté les gens a expérimenter d’eux-mêmes et à pratiquer leur propre traitement au grand damne de la médecine régulière.
A lire tout ce qui vient d’être dit ou écrit, on serait tenté de croire que la responsabilité du traitement incombe exclusivement au patient, mails il n’en est rien. Le médecin a aussi sa partition à jouer dans le rapport qui doit exister entre lui et le patient.
S’il n’inspire pas confiance, et ne communique pas bien ses pensées, les patients auront de plus en plus de mal à le suivre. Il devra aussi rentrer dans les croyances et les habitudes du patient pour le porter à bien suivre le régime approprié. C’est un travail de longue haleine. Les deux ont besoin de travailler ensemble pour la réussite du projet. Certains patients, cherchant à repousser la ligne de démarcation qui doit exister entre les deux, feront tout pour inverser les rôles et dire parfois au médecin ce qu’il doit prescrire. D’autres vous diront que tel médicament a bien travaillé ou marché sur un cousin ou un ami et qu’ils voudraient bien l’essayer. Mais le médecin devra veiller à ce que ses intérêts aussi bien ceux du patient soient pris en considération. C’est un travail en continu qui doit être réévalué tout le long du traitement.
Rony Jean-Mary,M.D,
Coral Springs,FL,
Le 11 novembre 2019