DOCTEUR ERNST PADDY,
UNE VICTIME DE TROP, ET LA LISTE S’ALLONGE
Ce dimanche matin, les Employés de la Santé du pays, toutes branches confondues, prendront les rues de la capitale Haïtienne et des villes de province pour dénoncer le crime odieux perpétré sur la personne du Dr. Ernst Paddy, un Pédiatre de renom et professeur clinicien à l’hôpital LAPAIX où il travaillait depuis quelques années. Il allait chercher dit-on des intrants à sa clinique ce matin –là et partaient de sa maison sauver une autre vie quand il fut froidement abattu par des criminels qui, trop impatients à l’attendre descendre de son véhicule, ont préféré l’abattre plutôt que de partir sans lui.
QUI EST Le Docteur ERNST PADDY que les criminels on abattu ce dimanche 3 Mars écoulé en face de sa clinique au chemin des Dalles ? Dr. Paddy est originaire des Gonaïves et me devançait de trois ou quatre promotions à la faculté de médecine et de pharmacie de L’UEH. Il souffrait de poliomyélite dans son jeune âge, ce qui faisait de lui une personne à mobilité réduite..Une de ses anciennes étudiantes nous apprend qu’il était Assistant chef du service de pédiatrie à l’Hôpital LAPAIX qu’il avait rejoint il y a de cela plusieurs années. Il aurait fait un bref séjour à l’étranger avant de rentrer au bercail et mettre les savoirs accumulés au service de son pays. A un moment où les cadres laissaient le pays en vagues déferlantes, Il aurait pu, comme tant d’autres, choisir la terre étrangère pour exercer sa profession, vivre en toute sécurité, et ne jamais regarder en arrière. Mais l’amour du pays et des siens était trop fort en lui pour qu’il abandonnât le navire au beau milieu de la tempête.
D’aucuns disent qu’’íl avait fondé une institution classique où les enfants du peuple pouvaient recevoir à un prix modique une éducation de qualité. Il avait une grande passion pour la pédiatrie et soignait ses petits patients avec amour et dévouement. C’est ce qui l’emmena à l’Archaie, religieusement tous les dimanches, pour soigner les près de 200 enfants placés dans de nombreux orphelinats au niveau de la Zone. Il comprenait que pour être utile à son pays et mériter de l’estime, on n’avait guère besoin d’être président ou sénateur ou directeur général, ni occuper une fonction de l’état pour y vivre à ses frais, et que l’’on pouvait, à sa manière, dans sa sphère d action, se faire utile aux autres et à la société. Voilà, en quelque sorte, le parcours de l’homme que les loups on t déchiré et laissé en pâtures sur la voie publique, et que la patrie vient de perdre.
Il y a toujours eu ce débat entre nous autres Haïtiens à savoir s’il faut partir, s’exiler ou rester vivre au pays ?
Et l’ on a trouvé autant d’arguments en faveur de l’une ou de l’autre position. A l’’exil doré des pays d’accueil, souvent un dépaysement, un renie ou déni de soi-même, Dr. Paddy, comme bien d’autres confrères avait plutôt choisi de vivre ici, sur la terre de leurs ancêtres.. Il faut rendre un vibrant hommage à ces collègues et confrères de toutes disciplines , médicale ou autre qui ont toujours gardé l’espoir que les choses finiront par changer un jour dans ce pays.
Mise en contexte :
La détérioration des conditions de vie. Ce n’est pas la première fois qu’un médecin est assassiné dans des conditions inexplicables dans le pays. Jimmy Lalane, un orthopédiste de ma promotion fut froidement abattu dans sa clinique parce qu’il aurait refusé, dit-on, de délivrer ou de faire accoucher une patiente, donc d’inter ferrer dans une autre branche de la médecine où il ne se connaissait pas très bien. Depuis quelques mois, les professionnels sont devenus des cibles privilégiées de ces attaques à sang froid et portées de manière délibérée pour faire du mal à la société. Des juristes, des infirmières, des ingénieurs et des policiers sont particulièrement visés.
Qui a intérêt à faire couler tant de sang dans le pays ?. Dans le cas du Dr. Ernst Paddy, abattre froidement devant sa clinique un dimanche matin un médecin à mobilité réduite qui mettait trop de temps pour descendre de son vehicule, et qui cherchait a sauver une vie, est un sommet de la criminalité jamais atteint jusqu’ ici. Cela prouve que nous sommes tous des cibles, que les bandits n’ont pas d’heure de répit, et que les riverains n’ont nulle part où se poser la tête. La peur s’est généralisée en Haïti depuis quelque temps et s’est instituée en mode de vie. Et les Autorités sont aux abonnés absents. En janvier dernier, je ne pouvais pas me procurer une caisse de rhum à l’aéroport Toussaint Louverture de Port-au-Prince tellement les gens s’empressaient à fermer la boutique à quatre heures de l’après-midi alors que mon vol était fixé pour 6 :45. Quelqu’un devait être là pour me remettre la caisse à la porte de l’avion puisque jetblue n’allait pas accepter que le liquide passe par son point de sécurité même lorsqu’on avait déjà traversé une première zone de sécurité juste avant les services d’immigration. Cela traduit deux ou trois choses qui ne sont pas très flatteuses pour le pays.. D’abord, Le pays est limité dans ses voies et moyens et la vie nocturne se réduit à une peau de chagrin. On ferme à quatre heures alors que tous les Aéroports du monde ferment leurs boutiques entre 8h et dix heures.
Ensuite, avoir à se déchausser plus d’une fois, en est une preuve par dix, que l’on ne fait pas confiance ni a votre sécurité ni a vos magasins même à l’intérieur de l’’Aeroport.
Enfin, cela traduit la morosité d’esprit et la psychose de peur qui ont fini par envahir presque toutes les couches de la société. Voila à quelle condition nous sommes réduits dans ce pays. Il faut dire que cette situation ne date pas d’’ hier. Cependant le Kidnapping et les exécutions sommaires ont pris une ampleur alarmante ces jours ci. Ma pauvre mère qui ne pouvait pas comprendre ce phénomène de kidnapping me disait avant de mourir qu’en son temps, l’on capturait des animaux et des bêtes de somme qui rentraient et erraient dans la ville, et que l’on l’on faisait payer une certaine amende à leur propriétaire pour pouvoir les retirer du parc où ils étaient gardés. Si donc elle revenait, ma chère mère, huit ans après sa mort, elle se serait vite rendu compte que par peur, par lâcheté ou par insouciance, nous avons tous transformé, l’Etat en premier, ce pays en une jungle, un grand parc où les hommes, des animaux aujourd’hui, attendent tous d’être capturés .Le pays est descendu à un niveau de chaos et d’anarchie tel qu’on n’en avait jamais vu avant. Son Excellence Le président de la République, toujours avide de parole , discoureur par excellence, dont tout le programme consiste à s’attaquer à ses ennemis politiques, était pourtant muet autour des actes d’enlèvements jusqu’à ce que le président Dominicain lui ait proféré des menaces après la séquestration de deux Dominicains revenant de Jacmel une semaine plus tôt.. Le gouvernement s’est finalement réveillé de sa léthargie pour nous apprendre qu’une ligne 122 sera (écoutez-bien…sera) mise à la disposition du public pour qu’il communique à la police les actes de délinquance et de criminalité qu’il soupçonne avoir lieu dans son entourage. Mais c’est un geste nettement insuffisant et tardivement annoncé.
Car où était on depuis tout ce temps là que mouraient des enfants de cinq ans arrachés des mains de leur parent ou que fussent sacrifiées et laissées nues sur des tas d’’imondices des jeunes filles criant au secours sans que l’état ne pipe mot ? Faut il rappeler que le premier devoir d’un gouvernant est d’assurer la sécurité de ses administrés et d’établir un climat de confiance qui soit propice à l’’epanoissement de la cité ?on aura beau vouloir dire que le gouvernement est innocent et impuissant mais son silence est plus que complice, et sa nonchalance en dit long de son incompétence à gérer valablement les affaires de la cité. La police et le Gouvernement sont visiblement dépassés par les événements. Pendant de nombreuses années, ils n’avaient aucun contrôle sur ce qui rentrait et sortait du pays. Les ports et les douanes de ce pays étaient devenus des biens privés de certains magnats de l’économie qui s’enrichissaient à notre dépends. C’est là qu’il faut retracer ces armes meurtrières qui enlèvent leur sommeil aux paisibles citoyens. Aujourd’hui nous en payons les conséquences.Ceux qui nous tuent ne sont pas des patriotes. Ceux qui ont tué Le Dr. Ernst Paddy ne sont des apatrides. Ils n’ont pas de credo politique. Ils sont des bandits sans foi ni loi qui travaillent pour les ennemis de la patrie et qui veulent voir disparaitre ce qui reste de rêve et de symbole dans ce pays. Fort heureusement qu’on ne détruit pas un rêve et un symbole comme les représentait si bien le Dr. Paddy.
Il y a comme un plan macabre, en train d’être exécuté à dessein, pour détruire tout ce qu’il y a de valeur nationale et de patrimoine historique dans ce pays. Les mains qui l’exécutent semblent être bien plus fortes que celles de l’Etat .Mais Ce pays ne doit pas mourir .Si difficile que soient les conditions de vie actuelles, ce pays va devoir renaitre de ses cendres L’ÉTAT est devenu depuis des temps, un sujet de moquerie. Il ne jouit d’aucun respect au près de ses administrés .Il est un manipulateur par excellence de l’opinion publique. Il attend encore de faire de la lumière sur les grands dossiers de la vie nationale dont l’évasion et le meurtre d’Arnel Joseph , le meurtre de Me Monferrier Dorval, et la dilapidation des deniers publiques, particulièrement des fonds Petro Caribe. Il aura tellement accumulé d’erreurs graves et irréparables qu’il finira par tomber, tôt ou tard, attiré sous la pesanteur de ses propres entraves institutionnelles. Entretemps, le pays meurt à petits feux. La population est aux abois. Les loups sont partout dans la bergerie.Et Les victimes ne verront jamais cette justice qu’elles réclament de tout leur vœux.