Freud : Sa théorie de Dieu et de la religion ; ce que nous en pensons.
J’ai écouté avec attention la théorie de Freud sur Dieu et la religion cette semaine. Pour beaucoup et pour Freud lui-même, l’homme cherche toute sa vie à a répondre à deux questions existentielles fondamentales à savoir : quelle est l’origine de l’humanité et où allons nous après la mort ? J’étais très impressionné par la tentative de Freud de ramener le divin à une dimension humaine, donc saisissable et à portée de vue. J’en ai parlé cependant à des collègues de tous bords : religieux, athéistes, voire ésotéristes en vue de mieux comprendre ce que sa théorie de la religion pourrait enseigner à nous autres assoiffes de lumière et toujours en quête de vérité sans ambages.…
Essayons d’expliquer en quelques mots la théorie de Freud sur Dieu et la Religion !! Freud pense que Dieu ne nous a pas crées et que c’est nous autres qui avons au contraire créé Dieu. En effet, pour satisfaire à notre soif de sécurité et de protection, nous inventons un dieu qui soit notre père et qui puisse pourvoir à nos besoins. Pour Freud, le Dieu dont on parle chaque jour, c’est un Dieu taillé sur mesure comportant un volet de punition et un volet de protection. Quand nous agissons bien, ce dieu nous récompense. Par contre, il tend à nous punir si nous agissons mal envers lui et envers nos semblables. D’où les notions d’enfer et de paradis. L’homme, dit-il, est un animal destructeur, toujours enclin à dominer ses semblables et à faire table rase de son environnement. Il serait comme un enfant qui a besoin de vivre sous le protectorat d’un être plus fort .Et, étant donné que Le genre masculin a toujours été considéré comme le genre le plus fort, Dieu est donc souvent dépeint comme un père : d’où la notion de Dieu le père, si souvent employée dans le langage religieux.
Après avoir entendu la vidéo, J’avais trouvé un Freud plutôt latéraliste, qui cherche à tout ramener à des pulsions sexuelles originelles et à un matérialisme desséchant, ignorant ainsi la dimension spirituelle et supra humaine de la religion. Il rejoint d’autres écrivains comme Voltaire qui croit que « si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer pour punir les bandits >>.ou mieux Tolstoï, qui disait à l’approche du siècle dernier ce que Freud n’a fait que répéter plus tard, à savoir que Dieu n’a pas créé l’homme à son image et que c’est l’homme qui au contraire, aurait créé Dieu. Freud fait donc de la religion un gendarme appelé à policer les mœurs de la société. Il faut avouer que Freud, quoique rompu aux pratiques du talmud ou du judaïsme, était devenu trop imprégné de la culture occidentale pour faire un tant soi peu de place au coté ésotérique de la religion. Là on se demande ce que Freud aurait fait ou dit s’il s’était porté témoin d’un homme possédé par un Loa et qui s’était mis à manger des tessons de bouteilles sans une égratignure dans la bouche ou au niveau de la langue ? Ou mieux un homme se mettant du charbon de bois ardent aux cheveux ou dans la main sans se faire bruler ? Aurait-il cru autrement ?
En parlant à des initiés qui s’y connaissent bien en religion, j’ai vite compris qu’il y avait des failles dans cette théorie où Dieu serait une simple invention de l’homme pour répondre uniquement à ses besoins primaires de santé , de logement , de vêtements et de nourriture, et qu’une approche beaucoup plus équilibrée méritait d’être considérée. D’abord, qui a créé qui ? Une femme chrétienne m’a dit que même si nous ne nous en rendons pas compte, Dieu nous a peut être crées sans que nous le sachions. Elle prit en exemple son chien qui est devenu inséparable d’elle et qui l’attend chaque soir au seuil de la porte lorsqu’elle rentre à la maison pour la saluer…. Pour le chien, elle est devenue un dieu parce que c’est elle qui lui donne à manger et qui le protège contre les conditions extrêmes de température et de privation. Elle ajoute que le chien ne l’a pas inventée pour être son Dieu à cause de ses besoins essentiels, et que c’est elle qui, fidele à sa promesse de prendre soin du chien, le fait chaque jour, sans rien attendre en retour. Pour elle, C’est à cause de la fidélité de Dieu envers nous, qu’il continue de prendre soin de nous et de pourvoir à nos besoins. Elle pense donc que Dieu nous a crées et que nous n’avons pas créé Dieu. Au sens strict du terme, on ne saurait, ni ne devrait émietter Dieu et le réduire à un tel niveau. Car si c’en était bien le cas, chacun aurait ses dieux propre à lui et la pan théologie regorgerait de ces dieux défunts une fois finie notre vie, et éteint le souffle qui est en nous.
Un deuxième ami, irréligieux, mais croyant, de son état, m’a dit que Dieu ne nous a pas crées et que nous n’avons pas non plus créé Dieu. Pour lui, les deux entités, à savoir Dieu et l’homme, fonctionnent en vase clos sans communicants intermédiaires. C’est aussi la position de « Tolstoï qui croit que Dieu existe mais qu’il ne s’occupe pas des vivants ; que s’il s’en occupait, les bons auraient en partage le bonheur, et le malheur accablerait les méchants ».Beaucoup croient que Dieu nous a longtemps lâchés .Et Rousseau même, au constat que certains hommes ont toujours joui de grands privilèges, regorgeant de superfluités, alors que la multitude affamée a toujours manqué le nécessaire , s’était souvent exclamé : quel est donc l’origine de l’inégalité parmi les hommes ?
En fin, un dernier collègue, plus proche du monde ésotérique, m’a dit que nous créons de multiples forces que nous pourrions appeler dieux ou esprits à chaque fois que nous implorons le divin ou que nous formulons des demandes..Par un phénomène d’égrégore, nous transformons la pensée en paroles et les paroles en vibrations et en actions, Il définit l’Egrégore come une entité psychique autonome susceptible d’influencer la manière de penser d’un groupe de gens donné. Il s’explique en disant que ce n’est pas la statue en bronze d’un saint(e)quelconque qui répond à nos prières, mais bien l’esprit incarné dans la statue à force d’y déposer nos prières et nos supplications.
Il ne pense pas en un homme vêtu de blanc, la barbe longue et toute grisonnante, trônant quelque part dans ce vaste univers et présidant au destin de l’humanité. Il croit par contre que si nous demandons la chance de pouvoir rentrer à la maison sain et sauf en sortant le matin de chez nous, notre croyance ordonnera à des anges protecteurs de se poster sur notre chemin, jour après jour, pour nous garder et nous défendre..
Enfin un autre groupe interrogé croit que Dieu existe mais que nous autres, nous nous en servons t très mal parfois. Ce groupe ajoute que nous cherchons trop souvent un Dieu pour le salut dans l’au-delà alors que nous oublions que la vie est ici et maintenant. On nous fait utiliser la bible en référence à tout. Cela nous empêche d’avoir un autre son de cloche et nous induit à de la paresse mentale. Et quand Dieu est enfin mal servi par les pasteurs et les religieux, le troupeau s’égare, et chacun fait de Dieu ce qui lui convient.
J’admets que parler de Dieu et de la Religion est un sujet difficile à disséquer. Freud ne s’était peut être pas levé les yeux pour observer l’ordre et l’harmonie qui règnent dans l’univers.je ne sais pas s’il avait voyagé une nuit en avion ou en bateau pour contempler l’admirable nature et se rendre compte combien nous sommes infiniment petits face à cet être suprême, Grand architecte de l’univers. Malheureusement pour certains, Oser questionner pour pouvoir apprécier comprendre et interpréter est pour beaucoup de fideles la pire des offenses que l’on puisse faire à Dieu. Beaucoup disent qu’il faut obéir sans comprendre parce que cela renforce notre foi. La posture EX-cathedra d’une voix trônant du haut de la chair, n’améliore en rien le rapport entre Dieu et l’homme dont le prêtre, l’Imam ou le pasteur aurait dû jouer un rôle plutôt facilitateur. La vraie nature du divin semble être souvent cachée à dessein en vue de perpétuer l’ignorance et occulter les faits. Dans l’esprit d’un débat constructif, j’espère que chacun y apportera sa pierre et continuera d’alimenter le flux de pensées seul capable de fixer un projecteur sur la vraie nature du divin.