DOULEUR PERCEPTION ET ĖMOTION:
DES CONCEPTS QUI VONT ENSEMBLE.       

Parler de douleur, de perception de la douleur  et d’émotions en général, c’est évoquer, à première vue, trois concepts totalement différents l’un de l’autre , n’ayant aucun rapport entre eux. Pourtant ce sont des entités intimement liées dont la compréhension de chacune  d’entre elles peut servir à une meilleure approche thérapeutique lorsqu’il s’agit de traiter des individus en proie à de telles  souffrances..Il faudra tout d’abord  commencer par dégager  une  étiologie et une physiologie de la douleur avant d’avancer sur le  chemin plus ondoyant de la psychologie  et de la dépression dont la douleur peut bien s’enticher quelque fois.

D’Ailleurs C’est Quoi  la douleur ?  Une douleur est une sensation pénible, une expérience désagréable au niveau d’un point du corps  ou de tout le corps due en général à des dommages ou lésions tissulaires. La douleur se produit en général à travers un arc douloureux composé d’une voie afférente, d’un centre au niveau du cerveau ou centre nerveux  qui sert à coordonner le ou les stimuli reçus,  et enfin d’une voie efférente qui renvoie une réponse vers  la périphérie.

 

MECHANISME DE PRODUCTION DE LA DOULEUR.

Lorsque le stimulus nocif  laisse le point de contact, il  voyage à travers des fibres particulières jusqu’au niveau du cerveau avant de retourner en périphérie sous forme de douleur…Cette douleur peut être localisée, généralisée ou se faire sentir à un point autre qu’au niveau du tissus endommagé : C’est le cas d’une  douleur reportée. C’est un processus apparemment simple  qui peut cependant faire appel a toue une série de facteurs intermédiaires  avant la traduction finale du  stimulus nocif en douleur. Force est de dire qu’il existe plusieurs façons de  cataloguer une douleur dépendamment  de sa durée, de son intensité et des facteurs à la base de cette  douleur

 

TYPES DE DOULEUR :

Il faudra d’abord noter  que la douleur  a, des années de cela ,déjà  conquis ses lettres de noblesse en faisant carrément partie du groupe  des signes vitaux de toute institution sanitaire  qui se respecte..Nous parlons ici d’une  douleur qui peut-être aigue ou chronique.                                                                                                              Elle est aigue lorsqu’elle arrive soudainement ou est provoquée par un  facteur  X déterminé .En général, la durée d’une telle douleur est de moins de six 6 mois. Quand cette douleur dure ou persiste au  delà  de six mois, elle est alors considérée comme étant une douleur chronique.

Comment une douleur devient-elle chronique ?

En général, il y a plusieurs moyens d’apprécier la chronicité d’une  douleur.

a) ou bien la lésion est cicatrisée mais qu’en dépit d’une cicatrisation apparente, les terminaisons nerveuses continuent d’envoyer des charges électriques vers le cerveau et continuent de fonctionner comme si la guérison n’avait pas eu lieu.

b) ou bien la pression est maintenue à d’autres niveaux sur les fibres nerveuses, continuant d’envoyer  ainsi des signaux au niveau du cerveau et forçant celui-ci à répondre au stimulus  de contact.

 

PHYSIOLOGIE DE LA DOULEUR :

Comme tout autre mécanisme se produisant au niveau du corps, il existe une physiologie de la douleur qui mérite d’être explorée. En général, il existe plusieurs types de fibres nerveuses dont certaines sont spécifiques à la conduction des sensations douloureuses. Ce sont les fibres de type C  qui sont d’un diamètre variant de0.4 mm à1.2mm. La vitesse de conduction à travers ces fibres est de 0.5m  à 2 m par seconde.  D’autres fibres de classe  Beta et Delta, particulièrement les fibres de classe Beta sont responsables  de la perception des vibrations, de la proprioception  et du positionnement. Les fibres A-delta ont une vélocité de 11.2m/s alors a que les fibres A-beta sont de 85.8 m/seconde

En ce qui a trait aux causes de la douleur, elles peuvent être thermique, chimique, physique ou autres, selon qu’il s’agit d’une  brulure à partir d’une source thermale par exemple, d’une substance chimique ou d’une incision ou pression exercée  sur un point de contact. Comme expliqué  plus haut, au point de contact avec l’irritant, un message est envoyé au cerveau, particulièrement au  thalamus   qui retourne le  message sous forme de douleur. Rappelons ici que Le thalamus est une structure binaire localisée au milieu du cerveau est qui est un dérivé du diencéphale. C’est un relai incontournable qui module le sexe, la faim, le sommeil, la douleur  et bien d’autres sensations.

 

PSYCHOLOGIE DE LA DOULEUR.

Pour interpréter le stimulus qui vient de la périphérie, le cerveau tient compte de  toute une série de facteurs. Une douleur par exemple fait plus mal la nuit que pendant le jour, et perturbe  le sommeil plus amplement alors que cette même douleur laissera dormir le patient pendant la journée. L’explication est qu’il y a d’autres stimuli à occuper ces mêmes fibres nerveuses pendant le jour, atténuant ainsi la charge nocive  qui arrive au cerveau. De même, si quelqu’un vient d’avoir une expérience heureuse telle que gagner à la loterie, ou  recevoir un certain prix,  il sentira moins de douleur  s’il est piqué  tout de suite  par un clou, un couteau ou autres objets aigus. L’inverse est vrai qu’après une dispute avec son conjoint ou si la lésion est précédée d’une scène de colère  au travail, la douleur sera plus atroce.                                                                                                                                      De même, il existe une composante émotionnelle  qui est attachée a la douleur. Lorsque le stimulus arrive au niveau du cerveau, plus particulièrement au niveau du thalamus  généralement considéré comme le centre de la douleur, celui-ci  peut, dans son rôle de relai, reporter la douleur à d’autres organes du cerveau, comme le  système limbique en vue de  porter celui-ci à dégager des émotions de toutes sortes.. Au nombre des émotions répertoriées  par  le système limbique  se comptent  l’agressivité, la colère, l’anxiété  et la dépression. …

Le système limbique  contient une variété de fonctions. Le mot limbique vient du latin limbus signifiant bordure ou frontière. Il se retrouve   à la frontière du cerveau anatomique et du cerveau physiologique. C’est une interface anatomique et fonctionnelle entre la vie cognitive et la vie végétale. C’est  un ensemble de structures corticales et sub corticales, ayant chacune une fonction séparée et localisées des deux cotés  du thalamus. Le système limbique  contient entre autres :

-L’hippocampe, qui régularise la mémoire à long terme.

–L’amygdale impliquée dans la peur et l’agressivité, aussi bien dans l’anxiété, la dépression et les cas de panic

–La circonvolution ou gyrus cingulaire.

-Le for nix :  conduit amenant  les informations depuis l’hippocampe.

-L’hypothalamus. Etc.

C’est le système limbique qui fait pleurer face à un type de douleur  ou une aventure malheureuse.                                                                                                   On comprendra que les douleurs chroniques, les émotions négatives et la  peur en général puissent  conduire à  la dépression, tout comme la dépression peut aboutir à de  la douleur .En général, les douleurs dues a la dépression se recrutent parmi les maux de tête,  la migraine, les douleurs abdominales, les douleurs musculaires et articulaires et souvent les douleurs lombaires. Douleur et dépression  colludent des fois dans un cercle vicieux  où, plus ça fait mal, plus ça devient déprimant  et plus ça déprime, plus ça fait encore mal. Autant dire que plus  la douleur est débilitante, plus elle peut conduire à une perte de l’estime de soi et à la dépression. Sans que le mécanisme en soit tout à fait clair, Il faut mentionner pour finir que certaines conditions médicales  tels le diabète, le cancer.les maladies cardiaques, le lupus et le  HIV, pour ne citer que ceux-là, sont connues pour être responsables de symptômes dépressifs. Nous éviterons de parler du traitement de la douleur dans cet entrefilet étant donné  que cela prendrait tout un titre à lui seul. Depuis les  anti -inflammatoires  jusqu’aux récents médicaments bloquant les récepteurs au niveau des terminaisons nerveuses, en passant par les codéines, et les anti-déprimants, c’est toute une nouvelle spécialité ou sous spécialité qui se profile désormais avec de nouvelles perspectives pour la médecine en général, et  notamment pour l’anesthésiologie. L’essentiel est de savoir  quel traitement  appliquer dans chaque cas ?

Ronny Jean-Mary, M.D.

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