CES FEUILLES ET PLANTES DE LA NATURE ET DU TERROIR DONT NOUS BENEFICIONS TOUS

Je voudrais changer un peu de rubrique cette semaine  et vous entretenir sur un autre sujet d’une aussi grande importance que les précédents, et  qui est bien celui des plantes médicinales et des feuilles en usage chez nous et ailleurs. Parler des feuilles en pratique médicale, c’est faire la part entre une médecine dite moderne, et une autre plus en adéquation avec les us et coutumes des riverains, et qui semblerait prendre des connotations différentes, dépendamment du milieu où elle s’applique.             C’est ce qu’on appelle tantôt la médecine folklorique, parfois la médecine alternative  ou parallèle, et d’autrefois enfin la médecine traditionnelle. Par médecine moderne, nous entendons un schéma universellement reconnu, et  en vertu duquel  le patient voit son médecin périodiquement, et  établit avec celui-ci un lien étroit, et  de durée variable. Le traitement est plutôt symptomatique et vise un problème bien spécifique pour lequel  la personne est entrée  en consultation  avec le médecin, et cherche à se faire soigner par celui-ci. .Ce genre de contact  semblerait être fait de manière  ponctuelle ou conjoncturelle avec une fonction  qui est limitée dans le temps. Il faut bien dire que, dans un effort de freiner les couts exorbitants encourus par la pratique médicale, beaucoup d’emphase a été mise sur la médecine préventive, créant ainsi un rapport de proximité entre le patient et le medecin.

La  médecine folklorique semble être spécifique à chaque peuple et tient  compte des éléments de culture, des réalités du moment , qui sont souvent indispensables au bon déroulement du traitement.. Elle puise dans les structures locales  c’est-à-dire  dans  les croyances et les pratiques  les bases de son enracinement. Cette médicine est aussi vieille que la culture dans laquelle elle est intégrée ou pratiquée. Car, pour permettre aux gens de la communauté de survivre, ou d’être en santé, il avait toujours fallu  une vieux  tonton, une vieille femme , une accoucheuse, un spiritualiste, par fois meme un devin ,et  en qui on avait confiance et qui pouvait  exercer  le métier de guérisseur. Il faut aussi admettre, dans ce même ordre d’idées, que la médecine et la religion ont toujours travaillé de paire dans l’amélioration des conditions de santé. La première tentative  d’explication à  un phénomène dont l’entendement nous échappe, tombe  automatiquement dans les paramètres de ce qui est de l’exégèse. C’est  donc normal de laisser au religieux, prêtre,  pasteur ou devin  de toutes sortes, le soin de traiter les maladies  ou toutes autres choses que nous ne comprenons  pas. D’ailleurs si l’on tient compte de la disparité flagrante existante entre le monde occidental  et les milliard d’autres gens qui peuplent la planete , on peut comprendre pourquoi une médecine folklorique axée sur les cultures et les croyances ,va toujours continuer d’avoir son pesant d’or.                                                                                                                                                                              Dans les années quatre-vingt et  jusqu’à date, la médecine alternative  a connu un essor particulier dans les pays occidentaux.il est reporté que 60% des Américains  utilisent une forme quelconque de   médecine alternative. Les stores ici  aux Etats-Unis  abondent en produits de toutes sortes, répondent à tous les gouts et  à les besoins. Force est de reconnaitre que les différents produits exposés sur les étalages des  boutiques de produits naturels ne sont pas régularisés  par les instances étatiques  concernées , au même titre que les produits pharmaceutiques qui passent par plusieurs phases de contrôle avant  d’être  patentés  et admis sur le marché.                                                                                                Parmi les plantes très connues du milieu psychiatrique American et qui ont été l’objet d’attentions toutes  particulières,il faut mentionner les produits suivants :  le KAVA, LE ST.JOHN WORT  ET LE GINKGO LOBA  Ces produits  sont aussi très prisés sur le marché  American des produits dits naturels.                                                                                                                                                                                  Le Ginkgo loba  est utilisé dans les cas de démence   ou de perte des fonctions cognitives en général, .Il est aussi utilise pour contrecarrer les problèmes sexuels résultant  des SSRI ou sérotonine substance            re-uptake inhibiteurs..Des  résultats satisfaisants semblent avoir été obtenus jusques-là .

Le kava est utilise dans les cas d’anxiété et  est une herbe très en vogue lors des fonctions sociales surtout chez les polynésiens.                                                                                                                                                                       Quand au St. John Wort, c’est surtout dans la dépression qu’il trouve sa vraie application. On estime son effet  supérieur  à  celui  d’un placebo et d’efficacité égale  à celle d’une dose initiale de TCA ou tricyclic Antidepressant(groupe de médicaments généralement utilise s dans la dépression..

Je ne finirai pas ce entrefilet sur les feuilles et plantes exotiques  sans mentionner la feuille de Coca qui est automatiquement servie sous forme de thé ou de feuille à ingurgiter aussitôt qu’on met les pieds dans les montagnes de Cuzco, et de Machu pichou au Pérou Andin, car la feuille de Coca a la vertu de réduire les effets  de  la maladie des hauteurs ou «  mountain sickness »  de faciliter la respiration de jour, et le sommeil la nuit..

L’histoire ancienne de la médecine établit que les feuilles ont toujours joué un rôle de premier plan dans la guérison humaine. Dans  ce  succinct exposé sur les feuilles, il sera difficile d’englober toutes les caractéristiques de la médecine traditionnelle. C’est un sujet sur lequel  il faudra revenir des fois et des fois encore. Promesse faite, promesse à tenir..Dans cette ébauche  de discussions ,nous parlerons des feuilles de chez nous et d’ailleurs .Il sera juste  de parler non seulement  des modalités de traitement qui sont utilisées par le biais de  ces feuilles dont le terroir haïtien est bien riche, mais aussi  de mentionner certaines pratiques médicales qui sont en voie de disparition chez nous.

Parmi les feuilles et produits naturels les plus fréquemment utilisés dans la médecine traditionnelle Haïtienne , nous avons retenu les suivants :

Les feuilles de Cachiman qui sont souvent utilisées dans les cas d’une vive et soudaine emotion ,et qui sembleraient avoir la vertu de réduire les effets liés au choc.

La feuille de corossol est généralement considérée comme un puissant somnifère .Elle est utilisée sous forme de thé, et on en  a souvent dit  que trop de feuilles utilisées en même temps peuvent faire rentrer la personne dans un sommeil prolongé.

L’huile de ricin, de son vrai nom  « Ricinus communis »  ou palma Christi, est un produit utilisé dans plusieurs aspects  de la médecine traditionnelle. C’est d’abord comme élément de massage ou de  friction en cas de grippe ou de bronchite aigue, où le thorax et le dos sont frictionnés contre la main, facilitant ainsi la décongestion pulmonaire .L’huile de ricin est aussi utilisée dans les cas de constipation où deux ou trois cuillerées par voie orale, servent à ramollir par osmose  le contenu intestinal et à le faire avancer plus rapidement.

Le citron est utilisé dans plusieurs domaines de la médecine traditionnelle. Tels que la décongestion nasale, le nettoyage des plaies et blessures et représente une grande source de vitamines C.

L’igname de poule, une igname minuscule  de la taille d’un gingembre, a été utilise plusieurs fois avec succès dans le traitement des os brises. On s’en sert encore dans les poulaillers pour traiter des volailles. de basse-cour dans le plateau central d’Haïti.

La feuille de papaye est utilisée pour activer la cuisson des viandes qui sont très dures à lâcher. Le fruit aurait, semble-t-il, des propriétés anti-hypertensives.

Le calalou gombo, mangé cru comme salade semble avoir des propriétés  antidiabétiques. ou hypoglycémiants.                                                                                                                                                                   Ces plantes, feuilles et légumes  mentionnés ci-dessus ne constituent  qu’une infirme partie de ce que représente la pharmacopée folklorique Haïtienne. Il faut noter cependant que notre médecine traditionnelle est aussi enrichie de bien d’autres  techniques qu’il vaut la peine de mentionner ici.

C’est d’abord le «  Man yin ou toucher ou traction.  » Une pratique qui consiste à jouer avec les muscles et les os pour les remettre à leur place. Parfois le guérisseur et  le patient s’adossent mutuellement.       Le guérisseur  soulève de son  dos celui du patient, gardant ce dernier suspendu pendant un certain temps. Il lui demande ensuite de laisser descendre lentement les pieds et le corps  qui étaient suspendus  initialement. Cette manœuvre aurait la vertu de réaligner la colonne vertébrale ou de remembrer la personne. Certains guérisseurs  soulèvent la peau du dos ou de la poitrine d’un enfant malade avec ses mains appliquées contre la cage thoracique de l’enfant. Ils tirent sur la peau  Jusqu’à ce qu’une déclique se produise au niveau de l’endroit où la pression est appliquée sur la peau.. On dit qu’on a cassé alors le hic de l’enfant.. « Kase AYIC » Tout cela n’est rien que de la  pure  médecine ostéopathique telle que pratiquée ici aux Etats –Unis d’Amérique.

Parfois, on pratique une incision  au dos de la patiente, puis on allume une mèche imbibée d’huile que l’on dépose  sur l’incision. Cette mèche qui brule à l’intérieur d’un petit verre renversé et appliqué dans sa partie ouverte sur la peau, ( vase clos) peut servir à  extirper de l’organisme les substances toxiques qui sont contenues dans le corps..La sangsue-thérapie n’est rien qu’un autre moyen servant à éliminer du corps les éléments toxiques qui sont contenus dans le sang..On aura soin, après la sangsue- thérapie  de débarrasser de l’estomac de la sangsue  ce sang tout noir qu’il vient d’ingurgiter. Sinon, elle  peut mourir intoxiquée elle-même du sang qu’il puisé dans le corps..

Les plantes et les produits naturels sont une source fiable de traitement pour certaines maladies. Cependant, il faut savoir comment les utiliser. Ils ne sont pas régularisés par la FDA. .Ils ont eux aussi des effets secondaires et peuvent conduire à toutes sortes d’intoxication. Ils interviennent dans le métabolisme des iso enzymes du cytochrome P450 comme bien d’autres produits, et peuvent  causer tout type d’inhibition ou d’induction. Le jus de pamplemousse (chadeque ou grapefruit juice) est un puissant inhibiteur  au niveau de l’iso-enzyme 3A4 et  devrait être évité lorsque certains antibiotiques y compris certains  anti-fungaux sont utilises. Nous espérons  approfondir davantage dans une prochaine édition cette pratique médicale parallèle et apporter encore  plus de précision pour le bénéfice de plus d’uns.

Rony jean-Mary,M.D.
Coral Springs ,florida,
Le 15 Mai 2022

 

Return to homepage