LES MOIS CHAUDS DE L’ETE
ET LES EVENNEMENTS QUI S’ANNONCENT.
Il est parfois difficile de choisir un sujet d’actualité tellement les événements se succèdent à un rythme accéléré .Cela semble pareil un peu partout à travers le monde car c’est la terre qui est bouleversée… Nous sommes au milieu de l’année 2022, à l’heure où les vacances d’été commencent à prendre chair en Haïti et en Diaspora. Sans pouvoir prédire avec certitude ce qui marquera les jours et les semaines à venir, il est cependant juste de dire qu’avec la décision de la cour suprême actuelle des Etats unis de révoquer le Roe versus Wade, cette décision de plus de cinq décennies qui avait reconnu aux femmes le droit de disposer librement de leur corps en ce qui a trait au droit d’avorter, des manifestations monstres sont à prévoir contre cette décision nouvellement entérinée de la plus haute instance judiciaire du pays. Sans mentionner quelle direction que pourrait prendre la guerre d’Ukraine qui vient de rentrer dans son cinquième mois. Et si l’Ukraine a pu tenir tête jusqu’ici à la Russie , première puissance nucléaire mondiale et deuxième puissance en armes conventionnelles, c’est grâce au support des occidentaux qui lui ont fourni jusqu’ici tout l’armement et l’appui logistique dont elle a besoin. Reste à savoir, avec les pays occidentaux dont le taux d’inflation fluctue déjà entre 8% et 8.5%, et où une récession de l’économie semble être à l’ordre du jour, pendant combien de temps ils pourront continuer a supporter l’Ukraine. Nous sommes donc dans une gageure aux portions inestimables où la guerre pourrait durer des mois et des mois sans qu’une issue définitive ne soit trouvée à la crise.
Mais en ce mois de Juillet, date commémorative de l’assassinat du président Jovenel Moise, il serait tout aussi bien de faire un coup d’œil rétrospectifs sur l’été 2021 pour un bilan judicieux de l’année écoulée. L’été dernier a été particulièrement douloureux pour le pays .Il était surtout marqué par deux événements horribles dont la mort du Président Jovenel Moise, et le tremblement de terre qui ravagea la cote Sud et Sud-ouest d’Haïti. Dans tout autre pays, cet anniversaire devrait ramener à une évaluation de ce qui a été dit, de ce qui a été fait, et de tout ce qui aurait du être fait pour corriger les maux et repartir d’un autre pied. Malheureusement, c’est de moins en moins que l’on parle de la mort du président Moise comme si l’événement avait déjà été relégué aux oubliettes de l’histoire. Je ne sais pas de quelle justice il s’agira puisque trois juges ont déjà désisté pour raison de sécurité et de manque de moyens pour instruire valablement le dossier, et parvenir à une mise en accusation des auteurs et complices de ce crime. Je ne m’attends pas a une justice à la va vite ou expéditive comme le réclament certains qui ont été dans l’entourage du président assassiné et bien d’autres encore. Et cela, pour plusieurs raisons.
D’abord, il y a certains de ces assassins qui courent toujours dans les rues, et qui n’ont pas été appréhendés. Et parmi ceux la qui ont été arrêtés, certains sont déjà morts en prison ou peuvent n’être que des acteurs accessoires au crime sans une réelle connaissance des tenants et des aboutissants au méfait. Ceux –la qui ont été retenus comme ayant joué un rôle de premier plan, sont heureusement ou malheureusement en détention chez l’oncle SAM qui a déjà demandé au ministre de la justice de sceller une bonne partie du dossier et des révélations qu’il a pu obtenir. Est-ce a dire qu’il y une ramification internationale ou politique de l’assassinat qui ne doit pas être connue du grand public ? A tout cela, il faut ajouter les actes de cambriolage à répétition du palais de justice de Port-au-Prince pour détruire tout ce qu’il reste de dossiers importants dans cette affaire. Sans mentionner le refus de certaines autorités étatiques de se mettre à la disposition de la justice. Que dire de ces colombiens qui sont en prison et dont certains prétendent qu’ils ont été mêlés à une affaire dont ils ne comprenaient pas trop bien les vrais méandres ? Tout cela voudrait pointer vers un simulacre de justice sur laquelle le temps déposerait aussi son manteau de vieillissement et de décomposition. Car cela prendra certainement du temps. Mais on finira, à coup sûr, par faire un jour le procès de ce crime odieux qui a révolté la conscience de bon nombre de nationaux et d’étrangers. On le doit à la nation, à la société et à la famille du président assassiné. Sinon il ne vaudrait plus la peine d’occuper une quelque fonction dans l’Etat d’un pays qui soit incapable de rendre justice à un chef d’état assassiné en plein exercice du pouvoir. Ce serait la déchéance totale du droit et de l’état de droit. Donc la déchéance même pour nous qui y tenons bien de la notion, chez nous de peuple et de Nation souveraine..
Enfin il faut dire qu’un tel procès prend toujours du temps pour rassembler les éléments constitutifs du dossier, et monter un chef d’accusation. Je pourrais prendre en exemple la mort de Thomas Sankara du Burkina Faso qui a attendu près de trente cinq ans avant de voir son procès parvenir à terme. On sait bien qu’en matière pénale, l’instruction est secrète et que le juge n’a pas à faire des déclarations à longueur de journée, mais il faut admettre que le silence de plomb qui règne autour de cette affaire est déconcertante voire inquiétante. Il n’est que d’attendre pour voir ce qu’il en sera vraiment de la suite qui sera qui sera donnée à l’assassinat du président Moise dont l’anniversaire arrive dans deux semaines près.
L’autre événement marquant de l’année dernière, c’est le tremblement de terre qui ravagea tout la péninsule sud et Sud-ouest d’Haïti. Si les morts (trois mille au moins ) et les blessés (près de quinze)n’étaient pas en nombre aussi élevé que ceux enregistrés au cours du tremblement de terre du 12 janvier 2010, il n’en demeure pas moins vrai que pour ceux qui ont subi ces pertes, qui ont connu des victimes dans leur famille respective, la douleur et l’horreur d’une telle catastrophe est aussi horrible que la fois antérieure. Des aides avaient été promises en vue de la reconstruction du grand Sud. Mais là encore, c’est l’opacité totale sur ce qui a été déboursé ou sur ce qui va être fait. Va-t-on adopter les mesures qui s’imposent pour mieux construire dans ce pays. Ou mieux y-a-t-il un moyen de moderniser les constructions surtout en milieu provincial pour que des bétons de fort tonnage ne soient pas déposés sur des fondations incapable de les soutenir et qui augmentent démesurément le nombre de victimes à chaque catastrophe naturelle ? Nous sommes un peuple qui refait les mêmes bêtises à chaque fois, et qui semble s’attendre toujours à des résultats différents.
Enfin, nous avons depuis quelque temps, une crise politique qui a déjà trop duré, et à laquelle aucune issue ne semble pouvoir être trouvée. Le pays est dirigé par des hommes sans aucune légitimité qu’une opposition semble incapable de démonter. Et le pays piétine ou fait du surplace depuis plus de trois ans sans savoir quelle direction se donner..
Il n’ya pas de bilan possible pour un gouvernement qui n’a ni plan, ni objectif. La meilleure manière de dresser un bilan, ou de commémorer un anniversaire disait Jean Lénine, théoricien et père du socialisme, c’est de rappeler ce qui n’a pas été fait, donc ce qu’il reste encore à faire. Il nous reste beaucoup à faire mais ne semblons même pas savoir par où commencer. Comment un pays peut il continuer dans un état pareil ? Nous avons tous besoin de ce dépassement de nous-mêmes pour converger les faisceaux et sauver le pays.
Pour nous autres de l’AMHE (Association médicale Haïtienne à l’Etranger), notre bilan des cinquante dernières années est plus qu’encourageant. Il y cinquante ans lorsqu’en 1972, un groupe de médecins avait décidé de fonder cette association. Elle est la première association de professionnels haïtiens en diaspora. Progressivement, elle a pu étendre ses tentacules un peu partout à travers la diaspora et dans notre chère Haïti. Elle a travaillé au rayonnement de la médecine Haïtienne en Haïti comme à l’étranger. Elle a sauvé beaucoup de vies et supporté maints projets à buts caritatifs et humanitaires. Elle a droit à une pause cet été pour allumer ses cinquante chandelles et rassembler tous ses adeptes au tour de l’idéal de 1972.
Enfin, puisque c’est l’été, parlons de la canicule qui vient de frapper l’Europe et qui est susceptible de nous atteindre dans les jours qui viennent. On devra éviter d’être au dehors autant que possible, et boire beaucoup d’eau pour se maintenir en constant état d’hydratation. Les personnes du troisième âge sont particulièrement vulnérables à ce genre de phénomène. Je vous demande à vous tous d’être prudents et bonne lecture. !!!
Rony Jean-Mary, MD
CORAL SPRINGS, FLORIDA,
Le 26 juin 2022.