DES SANCTIONS à  EN VEUX-TU ?
EN VOILĀ
Ā QUI CELA VA-T-IL PROFITER ?                                  

Au tout début du mois de Novembre, les puissances dites  amies d’Haïti, ont activé la carte des sanctions contre certains dirigeants actuels et Ex-dirigeants du pays. A ce jour, si l’on tient compte des diverses catégories où se trouvent recrutées les personnes sanctionnées par les administrations Américaine et Canadienne, dont des ministres, un ancien président, un ancien premier ministre, des sénateurs et des députes, on en aurait assez pour former  un autre gouvernement de la honte à coté de celui en place depuis déjà dix huit mois, avec à sa tête un premier ministre de facto qui  se demande lui-même  qu’est ce qu’il est en train de faire là  où il est en ce moment ?                            Mesures impensables jusqu’à récemment puisque ces mêmes hommes, pour la plupart,  servaient aveuglement, depuis toujours, les intérêts des grandes puissances, sans se soucier au minimum des intérêts nationaux et du bien être  de leurs concitoyens. On les a laissés faire pendant si longtemps qu’ils se croyaient être les seuls maitres  à bord jusqu’a ce que les vrais patrons y soient intervenus pour exiger des rendissions de compte. C’est un véritable bal de dupes où l’on danse tout en rond sans savoir à quel point la musique va s’arrêter, ni où va tomber le prochain coup de massue.   L’étonnant dans tout cela, c’est de voir comment leurs patrons ont pu faire un virage  à 180 degrés  contre ces mêmes hommes chez qui ils dinaient  certains soirs, et avec qui ils négociaient en sourdine jusqu’à récemment.   Le macaque se serait il senti si habile dans l’art de lancer des pierres qu’il aurait cherché à lancer des projectiles en direction du maitre , à lui  mettre des bâtons aux roues pour être plus précis ?.D’où la furie déclenchée contre certains  par le maitre au travers de ces sanctions. Certains des sanctionnés disent avoir refusé de marcher dans la logique d’une intervention militaire dans le pays, ce qui aurait agacé le Boss et le porter à reconsidérer ses alliances privilégiées qu’il entretenait jusque-là  avec ces messieurs. Mais il faut bien se demander ?

QUE CHERCHE LE PATRON DANS TOUT CELA ?

Est-ce là  un déblayage ou un nivellement par le bas à partir duquel le patron  chercherait à introduire d’autres  hommes, plus soumis envers lui, en lieu et place  de ceux-là qu’il avait maintenus sous son protectorat depuis de  si nombreuses années ?.  S’agirait-il d’un  aveu d’échec face à une classe de politiciens qui n’ont fait que se servir au lieu de servir leur pays ?.                                                                         Il est aussi juste de se demander si le  patron peut  avouer, sans peur d’être démenti , qu’il n’était pas au courant des activités louches de certains politiciens de la place .Et s’il en était bien au courant,  sans les avoir dénoncés plus tôt , il est alors complice de leurs malversations. Et s’il en est bien  complice, comment peut-il être juge et partie à la fois ?

C’est la première fois dans ce pays, depuis Duvalier- père peut-être, que des soupçons de corruption vont empêcher à certains hommes et femmes d’occuper des fonctions de l’état et de briguer des postes électifs dans  ce pays. Mais l’effet à court et à moyen terme d’une telle décision en provenance  d’une instance étrangère,  sera de  soumettre le pays davantage, sa justice en particulier, à une tutelle étrangère. Et le  coté triste de tout cela, c’est d’entendre un président du Senat, maintenant qu’il n’est plus en odeur de sainteté sous le nez et aux yeux de ses patrons d’hier, dénoncer comment il avait trahi Jude Célestin, le candidat de son parti au profit d’un autre  colistier qui lui, avait été imposé par Edmond Muller, Hilary Clinton et sa bande.

Si les  accusations de trafic de stupéfiants, et de supporteurs de gangs armés qui pèsent sur les autres individus sanctionnés jusque-là relèvent d’une cour pénale, et qu’ils doivent bénéficier de la présomption d’innocence jusqu’à ce qu’ils soient reconnus coupables, il ne peut pas en être autant pour  Joseph Lambert qui avoue avoir causé un crime de lèse- patrie  en sacrifiant le vrai candidat élu au profit d’un recalé pour lequel il est allé ensuite travailler. Le blanc ne devrait il pas  aussi le sanctionner pour haute trahison envers  sa patrie ? Comment croire alors que cette même  communauté, au nom de la moralité, impose aujourd’hui des sanctions quand elle aurait dû ,elle-même être sanctionnée pour ses dérives et ses dérélictions graves en Haïti ?

L’hypocrisie de la communauté internationale a toujours été  de faire ce qu’elle  défend aux autres de faire, de se croire tout permis, et de  vouloir sanctionner pour les mêmes actes répréhensibles dans lesquels elle est parfois, elle aussi , engluée jusqu’au cou.

Quant à Martélly, on peut comprendre son silence. Car,  au grand jamais, n’était-ce dans une république bananière comme Haïti,  la complicité de l’internationale et des vendus locaux aidant, jamais il n’aurait pu devenir président. Il a fait une grande partie de  sa fortune sur le dos du peuple. Il peut aller mourir ou  en jouir, la conscience tourmentée, ravagée par le brigandage et le chaos  qu’il a laissés  derrière lui, et dont on ne se remettra jamais.

Le coté positif de ces sanctions, si elles devraient vraiment mordre, et si elles étaient accompagnées de peines afflictives et infamantes au niveau national, constitueraient une sévère mise en garde à tous ceux-là qui ont pillé l’état pour aller arrondir leur compte bancaire quelque part ailleurs, dans les paradis fiscaux de la caraïbe, ou d’Europe. Ils sauraient au moins que l’argent mal acquis ici, quel que soit là où il est caché, peut être retracé et mis sous scellé                                                               Mais on sait que cela ne va en rien changer la condition de vie actuelle de l’Haïtien  qui est bloqué  entre Canaran et Matissant , et qui n’ose laisser la capitale par peur de se faire  exécuter par les bandits  de ces zones, depuis devenues des zones de non droit. Que dire de l’enfant qui ne peut retourner à l’école depuis plusieurs mois ? Et quid de tous ces paisibles citoyens qui vivent  sous une peur constante  d’être enlevés  par des gangs armés, et qui ont été appauvris par ces rançons exorbitantes qu’ils ont du payer pour leur libération ?

En quoi ces sanctions vont-elles les aider  à retrouver une vie normale. ?

En outre, On est tous conscients du fait  que le pays est en  état de mort cérébrale depuis des années. Les gouvernements se sont succédé sans vraiment se réinventer. Malgré les démonstrations  monstres et les descentes  de foule  dans les rues  au cours des  vingt quatre à trente six derniers mois, personne n’avait  pu déchouquer le feu président Jovenel Moise du pouvoir, ni le gouvernement illégitime de Ariel Henri. Car, Ils ont été tous des pions de la communauté  internationale, en particulier de Washington.

Alors, qu’a donc fait cette même communauté internationale pour forcer à un compromis et porter vers une solution ?  Cela semble bien n’être que le cadet de leurs soucis. Et l’on continue de vivre  dans la crasse, dans la boue, dans le chaos, dans  la peur et l’insécurité , tous des phénomènes entretenus à dessein  pour porter ce qui reste encore de classe moyenne à fuir davantage le pays.

De plus, ces gouvernements imposés les uns apres les autres, n’ont aucun intérêt à faire mieux, puisqu’ils ne sont redevables qu’envers leurs patrons  de la communauté internationale et nullement envers leurs concitoyens. D’où le marasme à n ‘en plus finir

Bref les sanctions sont plutôt de simples règlements de compte qui ne cherchent nullement à améliorer le sort des haïtiens.         Ceux qui les appliquent  s’étaient servis de la bande à Lambert et à Martellly  pour usurper le pouvoir et affaiblir ce qui restait encore d’institutions valables sous Préval. Maintenant, ils s’appuient sur Ariel , sa bande et leurs nombreux laquais  dans le pays, pour démobiliser, par un processus  de résignation ,  « d’A quoi bon se battre » ou de   « learned  helplessness »comme on dit en psychologie sociale ,  tout ce qui pouvait rester de velléités, d’ardeur nationale  et  de désir d’en découdre avec les mauvaises pratiques de chez nous. C’est un travail de zombification de l’Haïtien qui se poursuit.

En gros,  disait Manuel dans « Gouverneur de la Rosée », nous autres, le peuple, nous sommes comme la chaudière. On nous met sur le feu, on nous fait cuir la nourriture, mais lorsque le repas est prêt, on nous dit que nous ne pourrions pas aller à table car nous salirions la nappe. Ce processus de décantation n’a rien à voir avec les vrais problèmes du peuple.

Et  ces sanctions  mises en place ne sont guère là pour soulager les maux cuisants qui affligent le peuple. Ce ne sont que des règlements de compte personnels.

Néanmoins, elles auront la vertu de rappeler à certains que ceux –là qui servent aveuglement et «servilement »  leurs maitres finissent toujours leurs derniers moments  dans la honte et le silence, si ce n’est dans la noirceur d’une geôle,  comme gibier de potence ou encore  sous les feux d’une escouade d’exécution. Suivez mon regard ! Ici comme ailleurs……

Le plus grand conseil à donner à ces déchus d’aujourd’hui tout comme à ceux de demain, serait que d’abord, ils se taisent ; qu’ils boivent la coupe amère  jusqu’ à la lie,  qu’ils apprennent à aimer  leur pays ;  et qu’ils investissent une  partie de  leurs avoirs volés dans ces provinces d’où ils viennent pour la plupart, afin qu’au moins ils aient des ressources locales pour survivre  au moment du jugement dernier.

 

Rony Jean-Mary, M.D..
Coral Springs ,Florida,
le 2 Décembre 2022. 

 

 

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