Benin, pays de nos ancêtres
A la veille de notre 50ieme congrès annuel, l’Association Medicale Haitienne à l’Etranger (AMHE) a choisi de faire un pèlerinage dans le pays de certains de nos ancêtres, spécialement chez ceux qui ont fait un long voyage, bravant les mers, les intempéries et les durs traitements de ces colons. Ils sont venus en provenance du Benin, anciennement connu comme le Dahomey, siège d’un des plus grands Royaumes Médiévaux Africains.
Pour la première fois dans l’histoire de notre association, beaucoup d’entre nous ont choisi de ne pas s’y rendre à cause de la non- proximité des lieux et les conséquences d’un voyage de deux jours pour arriver à destination. Néanmoins, près de 300 participants ont répondu à l’appel avec enthousiasme et se sont portes présent. La plupart des ainés à l’exception d ’un seul qui n’a jamais raté une de nos conventions était du nombre. Je salue Serge Bontemps MD.
Je vais essayer de présenter en gros, cette période historique qui a vu trois empires Africains, s’installer dans ce bout du monde. L’Empire des Allada (début 16th siècle), celui du Dahomey (1625) and celui de Porto-Novo (fin des années 1600’s). L’empire des Alladas était le plus puissant mais les armées de l’empire du Dahomey le mettent en échec. Ainsi commencera la vente des esclaves aux colons affames, à la recherche d’une main-d’œuvre facile et profitable pour satisfaire leurs besoins de cultivateurs dans les Amériques. Les vaincus étant devenus prisonniers et se voyaient traites tout simplement comme marchandise pour être vendus à ces blancs qui exploraient les rives du continent africain. C’est ainsi que beaucoup de nos ancêtres sont venus de ce coin de terre que nous avons choisi cette année, en tant qu’organisation médicale de visiter durant notre congrès annuel.
Nous emmenons avec nous, bagages et famille pour refaire le pèlerinage de nos ancêtres sachant bien que bien des embuches nous attendent sur un sol qui ne nous est pas familier.
Le Dahomey devient officiellement la République du Benin, une fois colonisée par la France en 1894. Elle est placée dans la portion Ouest de l’Afrique, faisant frontière avec le Togo à l’Ouest, le Nigeria a l’Est, le Burkina Faso au Nord-Est, et le Niger au Nord-Est. La majorité de la population du Benin, vit agglomérée dans le sud du pays, près du golfe de Guinée, face à l’OCEAN Atlantique. La capitale géographique du pays est Porto-Novo mais le gouvernement siège à Cotonou, cite tres peuplée en Afrique de l’Ouest et surnommée aussi, capitale économique du pays. Benin est certainement un petit pays avec une population de près de 14 millions, pour une superficie d’à peu près 115,000 kilomètres carrés. Le Benin exportait du coton et des palmes.
Du 17ieme au 19ieme siècle, le Royaume du Dahomey et spécialement la ville de de Porto-Novo étaient considérées comme « la cote des esclaves » à cause de la traite des esclaves vers le nouveau monde qui se faisait activement. La France s’accapare du Dahomey pour l’ajouter à ses territoires mais, ce n’est qu’en 1960 que le Dahomey gagne son Independence. Le language officiel au Benin demeure le Français mais il existe encore différents dialectes comme le Fon, le Bariba, le Yoruba et le Dendi. 52% de la population pratiquent la religion catholique, 24% se tournent vers l’Islam, seulement 17% pratiquent les rites traditionnels.
Benin à travers le temps a souvent change son nom selon les gouvernements qui se sont succèdes : Benin, Royaume du Dahomey, Dahomey. En bref, depuis la conquête des sites d’Allada et de Whydah par le Roi Agaja du royaume de Dahomey durant la période coloniale, le Dahomey était déjà devenu tributaire de l’empire Oyo. Ce roi des Alludas établit une Elite guerrière sélectionnée parmi des femmes bien entrainées, strictement responsable de sa protection. Ces « femmes du Roi » comme on les appelait, assumaient sa défense et étaient aussi surnommées les « Amazones Dahoméennes ».
Nos pages d’histoire d’Haiti, relatent bien sur l’existence de quelques-unes d’entre -elles, qui auraient été vendue comme esclaves aux colons français et qui de plus, se sont retrouvées sur des habitations coloniales de notre pays. Sur l’habitation Breda, le destin veut que la mère de Toussaint Louverture, la deuxième épouse, d’un esclave en provenance des Alladas, du nom de Phillipe, présume fils du roi des Allada (Gaou Guinou), s’est liée d’une amitié avec une amazone guerrière avec qui elle est devenue si proche, que sur son lit de mort, elle lui confie la garde de son fils Toussaint, encore jeune adolescent.
Cette guerrière va prodiguer à Toussaint Breda, les rudiments de la guerre et elle s’évertue à l’instruire dans l’art du self-défense. Elle participera aussi à l’entrainement de soldats durant le soulèvement des esclaves, au début de notre révolution de 1791-1804 alors que Toussaint avait 50 ans lorsqu’ il décide de rejoindre les forces de Biassou et de Jean François, comme un de leurs lieutenant–Generals. Il était un homme libre et possédait des esclaves. Il est rapporté que Jean-Jacques Dessalines était un de ses esclaves et qu’il l’enrôle comme général-adjoint attache à sa personne. J’en ai déjà discuté dans une infolettre publiée sur la vie de Toussaint Louverture. L’existence de ces guerrières était tellement connue que les visiteurs européens leur donnèrent le nom de « Sparta » au Dahomey pendant le 18ieme siècle. Nous avons visité une place publique à Cotonou, Benin ou une statue géante est érigée pour commémorer le courage de ces vaillantes combattantes qui se sont distinguées par leur bravoure et leur sens du devoir, à protéger de leur propre vie, leur roi.
Une autre amazone du Dahomey, tres connue du nom de « Victoria Montou (Tante Toya ou Toya) » était un redoutable soldat qui a combattu dans les rangs de l’armée indigène du General Jean-Jacques Dessalines durant la révolution haïtienne. Elle s’était illustrée comme guerrière amazone dans le Dahomey jusqu’à sa capture et déportation vers les Antilles, ou elle fut vendue au colon Henri Duclos qui était le propriétaire d’une plantation-cafetière. Toya travaillait comme esclave dans les champs. Elle était la « tante » de Jean Jacques Dessalines mais sera bientôt vendue à l’habitation Deluger mais elle s’échappera. On raconte qu’elle avait sauvé un bebe de sexe male, en s’échappant de cette dernière plantation et que ce bebe n’était nul autre que Jean- Jacques Dessalines, le père de notre nation. De récents documents supportent aussi que Jean-Jacques Dessalines était l’esclave de Toussaint Louverture avant de le rejoindre pour combattre à ses cotes. Victoria Mantou participa au soulèvement des esclaves de Saint Domingue et combattra aux cotes de son neveu. Une fois Jean-Jacques Dessalines est proclamé Empereur, il fait de Toya, une Duchesse Impériale et elle mourut le 12 juin 1805.
De tous les colonisateurs, c’étaient les Portugais qui avaient occupé Benin pour la plus longue durée datant de 1680 a la fin de 1861. Les rois du Dahomey se succédaient et avaient coutume de vendre leurs prisonniers pour l’esclavage transatlantique ou alors, les sacrifiaient par décapitation surtout quand ils étaient incapables d’être vendus. Cela a permis aux rois du Dahomey de s’enrichir de ces ventes aux enchères. Ces sacrifices se déroulaient à l’occasion des festivités. Bientôt un « Slave Trade Pact » est établi par les Britanniques en 1808, régularisant et bannissant le commerce et c’est en 1885 que le dernier bateau Negriers laisse pour une dernière fois la ville de Porto Novo (New Port) à destination du Brésil. Les esclaves étaient vendus aux enchères, sur la place publique et sous cet arbre ci-dessous photographie au bon milieu de la ville.