LE CRI DE L’ORPHELIN

Le jour, la nuit, les joies faciles, les amis,
Tout me semblait définitivement acquis.
Vivre était tout naturel sans penser à plus,
Jusqu’à l’instant fatal où Laura n’était plus.
En colère, indigné, avec le cœur blessé,
Je veux parler à ce prédateur étranger.
Je viens revendiquer mon bien exproprié,
Pour que lui reviennent pleine vie et santé.
Qui es-tu pour oser changer sa destinée?
Tu ne sembles pas connaître l’éternité,
Ayant tout crée pour une courte durée.
Trop égoïste, tu ne veux rien partager,
Mais imposer, à tout, une vie limitée.
En quoi consiste donc ta supposée puissance
Si c’est pour donner une fragile existence
Qui ne peut résister à la moindre nuisance ;
A peine venue, elle est déjà en partance… !
Pourquoi, Omniscient, tu ne peux pas deviner
Ni comprendre ce qu’est : Aimer et être aimée
Quand ciel et terre chantent ses trente-trois ans.
Maman me disait que tu es partout présent ;
Que tu aimes beaucoup chacun de tes enfants ;
Et qu’elle te parlait avec le cœur content ;
Qu’elle recevait de tes mains, toujours à temps,
Tout pour nourrir sa famille et les autres gens ;
Que sa vie, était de toi, le plus beau présent ;
Précieux comme son petit garçon de neuf ans ;
Qu’elle te disait  Merci en prière, en chants.
Pourquoi, pour sauver sa vie, étais tu absent ?
Lazare n’avait plus de Mère pour l’aimer,
Et ne demandait pas d’être ressuscité !!!
Mais Laura avait besoin d’être dorlotée,
Elle voulait vivre, s’épanouir, s’éclater,
Jouir de cette douce planète où elle est née.
Si tu devrais être la Créateur savant,
Tu devrais, pour le moins, avoir le cœur aimant,
Etre un talentueux artiste au souffle puissant,
Dicter ta volonté à tous les éléments,
Dominer le feu, l’eau, le vent, surtout le temps.
La nature passe de l’Hiver au Printemps,
L’humain n’a pas besoin de tant de changements.
Si tu maîtrisais tonnerre, orage et leurs flammes,
Tu pourrais bien réveiller une dormante âme,
Rendre immortelle la vie d’une belle femme,
Avec la magie d’une impérative voix
Qui retrouverait un écho divin en moi.
Si vraiment du tombeau, tu connus la froideur,
Si tu es encore sensible à la douleur,
Si tu ne restes pas indifférent aux pleurs,
Si pour toi, le temps est hier encore et demain
Plus haut que Josué, Tu n’as qu’à lever la main,
Du couchant au levant, le soleil passera,
De son profond sommeil, Laura se lèvera
Et en toi son cœur reconnaîtra le vrai Dieu
Vivant et tout puissant, Maître de tous les cieux

 

Jean Serge Dorismond
25 Février 2013

 

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